De Eredan.
(→Chapitre 3 - Par la lumière !) |
(→Chapitre 4 - Autant en emporte la mort) |
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Le renard continua de faire la fête quelques minutes, temps durant lequel Theya remit en place ses idées, qu’elle formalisa en dessinant un schéma sur le sol. | Le renard continua de faire la fête quelques minutes, temps durant lequel Theya remit en place ses idées, qu’elle formalisa en dessinant un schéma sur le sol. | ||
- | - Oui cela peut fonctionner ! Si jamais j’arrive à accumuler suffisamment de puissance je peux prendre contact les forces de l’Impératrice. | + | - Oui cela peut fonctionner ! Si jamais j’arrive à accumuler suffisamment de puissance je peux prendre contact avec les forces de l’Impératrice. |
Nous pourrions savoir quand une nouvelle porte de l’Infini va pouvoir être ouverte. Viens ici ! | Nous pourrions savoir quand une nouvelle porte de l’Infini va pouvoir être ouverte. Viens ici ! | ||
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- Je vois par tes yeux... oui... il y a des sources de magie Equinoxienne. Partons sans délais mon ami, je n’en peux plus de ce monde, mène-moi. | - Je vois par tes yeux... oui... il y a des sources de magie Equinoxienne. Partons sans délais mon ami, je n’en peux plus de ce monde, mène-moi. | ||
- | L’animal se mit en marche en prenant la direction du nord ce qui les mènerait à la frontière de Baranthe et beaucoup plus loin à la | + | L’animal se mit en marche en prenant la direction du nord ce qui les mènerait à la frontière de Baranthe et beaucoup plus loin à la Draconie. Mais le duo n’alla pas très loin. Après à peine une heure de marche les choses se compliquèrent pour eux... |
Version du 4 juillet 2013 à 17:57
Sommaire |
Histoire
Chapitre 1 - L'appel de l'Ombre
Lorsqu’un corbeau se posa sur le rebord de la fenêtre et croassa à plusieurs reprises, un craquement se fit entendre, des lattes de plancher pliaient sous le poids des pas de l’unique résidant de cette immense demeure xziarite. Le corbeau, loin de se démonter, croassa de plus belle lorsqu’il perçut que quelqu’un montait les escaliers afin de rejoindre l’étage et la chambre où il se trouvait. Enfin, après une longue minute la porte de la chambre coulissa en laissant échapper un grincement. Le corbeau stoppa ses cris et observa l’arrivant ; un homme frêle vêtu d’une tenue typiquement xziarite sur laquelle les attributs du clan du Corbeau étaient bien visibles. Ce qui aurait pu choquer une quelconque personne qui rencontrait pour la première fois Hisomu c’était ce voile blanc large d’une vingtaine de centimètres tombant jusqu’aux genoux. Sur la partie basse du voile étaient inscrits deux idéogrammes qui ensemble signifiaient “fantôme”. En un seul pas l’homme se retrouva de l’autre côté de la pièce, juste devant le corbeau qui inclinait la tête. D’une main presque squelettique Hisomu caressa la tête du volatile qui sembla apprécier l’attention.
- Chidori... cela fait des mois que je ne t’ai vu. T’es-tu souvenu d’un coup d’un seul que j’existais encore ?
A ce moment-là dans un nuage de fumée Chidori qui s’avérait être le corbeau reprit son apparence normale. La jeune femme resta appuyée sur le rebord de la fenêtre comme si quelque chose l'empêchait d’entrer.
- Hisomu... toujours aussi aimable. Je suis désolée de ne pas te rendre visite plus souvent, mais c’est … compliqué.
- Compliqué ? Dis plutôt que tu ne veux pas que Seigneur Daijin sache que tu me rends visite.
- Crois-tu que nous pouvons lui cacher quelque chose, c’est lui qui m’envoie.
- Il a bien choisi son messager. Et qu’est-ce que mon seigneur me veut ?
- Il a besoin de ce que tu gardes pour lui depuis des années.
Hisomu se figea, envahi par les souvenirs. Cela le projeta bien des années plus tôt à Meragi. Il n’était qu’un enfant, rejeté des siens car marqué du sceau de l’infamie. En effet Hisomu avait le malheur d’être né avec des difformités dues au fait qu’il était naturellement un guémélite de l’ombre, un fait aussi rare d'exceptionnel. Les autres enfants furent cruels avec lui comme les enfants peuvent l’être souvent vis-à-vis de l’anormalité. En grandissant cela ne s’arrangea pas et Hisomu tenta d’en finir avec la vie à plusieurs reprises. Sans la rencontre avec Daijin il ne serait sûrement plus vivant aujourd’hui. Le Corbeau lui fit une offre qu’il ne put refuser. Alors il l’envoya dans une zone reculée pour vivre dans une vieille demeure où nul ne pourrait se moquer de lui. On lui donna à garder un secret qui serait en partie protégé par magie et lorsque le Corbeau désirerait qu’on lui apporte ce secret, Hisomu serait alors chargé de cette mission. Ce jour était venu.
- Il en sera fait selon son désir. Tu peux lui dire que je fais le nécessaire. Je vous rejoindrai le moment venu.
- Ne tarde pas trop, dit-elle avant de se retransformer en corbeau et s’envoler.
Perché sur son rocher Daijin surveillait les alentours. Il le savait, les néhantistes n’étaient pas loin et la confrontation inévitable. Il avait longuement préparé une stratégie qui devrait permettre de sauver l’empire ou du moins ce qui l’était encore. Mais pour cela il lui fallait Hisomu et ce fameux secret. Chidori avait fait son travail, il ne lui restait plus qu’à garder patience.
Karasu à quelques pas derrière Daijin finit de lire un parchemin qu’il roula ensuite.
- Seigneur, les troupes du Seigneur Impérial Gakyusha et des autres généraux sont en place. Les Tsoutaï souhaitent savoir si nous avons besoin d’un appui sur notre ligne.
- Non, nous devrions pouvoir tenir. Et qu'en est-il de nos alliés draconiens ?
- Comme vous le souhaitiez ils ont mis en place des écrans d’invisibilité sur les armées xziarites, ils attendent votre signal pour commencer le rituel d’isolement.
- Très bien, qu’ils se tiennent prêts. Une fois que le combat sera engagé il nous faudra resister le temps nécessaire. L’Empereur est-il hors de danger ?
- Il est là où il doit être.
A ce moment là un disque d’ombre apparut sur le sol à côté d’eux et Hisomu en sortit. Karasu recula en fronçant les sourcils car il ne l’appréciait pas et le jugeait trop instable. L’arrivant s’inclina respectueusement devant Daijin en tendant un rouleau à parchemin scellé par la marque du Corbeau.
- Me voici maître et voici ce que vous m’avez confié.
- Qu’est-ce ? Demanda Karasu.
- Un secret, dit Hisomu, et un secret ne doit pas être révélé !
- Tu as toujours été curieux mon petit Karasu. Je vais satisfaire ta curiosité. Mais avant cela je vais vous donner à tous deux des consignes.
- Je vous écoute seigneur, dit Karasu en bombant le torse.
- Je vais pratiquer un rite qui va m’épuiser plus que de raison. Lorsque celui-ci aura produit son effet il vous faudra m’écarter du combat, puis une fois en sécurité vous repartirez dans la mêlée jusqu’à ce que les draconiens aient fini leur propre rituel.
- Entendu, dit Hisomu.
- Il est temps d’agir, nous jouons la survie de l’Empire dans cette bataille, j’espère que vous saisissez l’importance que cela revêt.
Daijin, Karasu et Hisomu se trouvaient désormais au milieu d'une grande plaine. Devant eux au bout du champs la lisère d'une forêt aussi vieille que ce monde. Des oiseaux par dizaines s'envolaient, annonçant l'arrivée prochaine d'une horde de démons qui ne désiraient qu'une chose : détruire !
De l'autre côté de la plaine la maigre armée impériale composée de Tsoutaï, de traqueurs, de la garde impériale et de la quasi totalité du clan du Corbeau. Soit à peine quatre cent hommes qui devraient affronter des milliers de démons. Le moral était au plus bas parmi les simples hommes mais heureusement les Tsoutaï redonnaient courage à ceux qui en manquaient.
Daijin décacheta le rouleau apporté par Hisomu et une pure magie d'ombre s'en échappa. Des filaments d'ombre tombaient par terre et au contact du sol ils le modifiaient pour le rendre ténébreux. Dans un geste sec et puissant il déroula d'un coup le parchemin en ligne droite devant lui. Ce fut comme une explosion de magie, les filaments noirs, innombrables semblaient vivants et comme s'ils étaient enfermés depuis longtemps tentaient d'aller le plus loin possible. Karasu et Hisomu comprirent que le rituel avait débuté, d'ailleurs leur seigneur ressemblait moins à un vieillard à présent. Le Corbeau semblait plus jeune, plus puissant aussi, de grandes ailes de plumes noirs partaient de son dos. Il posa la main sur l’extrémité du parchemin devant lui et marmonna des incantations magiques. Les filaments noirs vibrèrent à l'unisson puis lentement ils se regroupèrent sous le Corbeau pour finalement s’agripper à ses pieds puis ses chevilles. La magie de l'ombre était sienne désormais et il se trouvait relié avec tous les guémélites de l'ombre des terres de Guem. Il se concentra alors sur la suite du rituel, une étape importante, cruciale même.
- Fils et filles de l'Ombre ! Mon nom est Daijin le Corbeau et j'implore votre venue jusqu'à moi ! Vous guémélites devez défendre cette terre dont vous êtes proche, une horde de démons menace l'Empire de Xzia ! Je vous convoque !
Très loin de là les premiers à réagir furent les guémélites de l'ombre des Combattants de Zil. Tous entendirent l'appel de Daijin et aucun d'entre eux ne savait l'Empire de Xzia en danger. Ainsi Zil fut le premier à répondre à l'appel, il sentait déjà la force de l'ombre l'attirer vers un autre lieu. Il hurla à tous les combattants de l'ombre de se laisser faire. En un clin d'œil il fut happé par l'ombre et en ressortit juste à côté de Daijin. Il en fut de même pour l'Aberration et tous les Combattants de Zil en mesure de venir.
- Tu as notre soutien Corbeau, dit Zil en sortant ses dagues.
Rapidement ils furent des centaines à apparaître, la plupart d'entre eux vivaient isolés de par leur spécificité, les guémélites de l'ombre étaient craints pour la grande majorité. Il y en avait de monstrueux et d'autres à l'apparence beaucoup plus proche de leur race d'origine. Mais tous étaient prêts à faire face aux démons. D'ailleurs, ceux-ci arrivaient enfin à la lisière de la forêt et ce qui suivit, Daijin ne pourrait en être témoin. Avoir fait venir jusqu'à lui tous ces guémélites de l'ombre l'avait grandement épuisé et il tomba inconscient. Karasu et Hisomu exécutèrent l'ordre de leur supérieur et éloignèrent Daijin. L'armée de l'ombre fut rejoint de celle de Xzia. Les Corbeaux se mêlèrent aux guémélites et firent passer le mot quant à la stratégie. Le but n'était pas de risquer des vies mais de retenir les démons le temps nécessaire à ce que le reste de l'armée intervienne et que les draconiens parviennent à accomplir leur rituel.
La bataille s'engagea. Amidaraxar s'étonna de voir cette armée hétéroclite mais le nombre était en sa faveur. Il ordonna à ses légions de fondre sur cette ridicule tentative de résistance. Mais le nombre n'était pas aussi important dans ce conflit, car les facultés et les habiletés de chacun jouèrent pour beaucoup. Et les défenseurs rivalisèrent face aux attaquants les techniques des ombres permirent aux guémélites de reprendre le dessus temporairement, les tentacules d'ombre par dizaines agrippaient les démons et les renvoyaient dans la direction par laquelle ils étaient venus. Puis alors que les démons se réorganisaient des hommes en armure rouge apparurent parmi les défenseurs. Les renforts tant attendus étaient là, prêts à en découdre. Le Seigneur-Gakyusha sonna l'assaut et la poignée de mages de la Draconie coupa les sorts d'invisibilité placé sur les armées. A présent en un contre un la bataille changea de visage. Les démons furent décimés et ceux-ci se regroupèrent pour faire front. Mais Amidaraxar n'avait pas dit son dernier mot, ses démons ne pouvaient réellement mourir, lorsque l'un d'eux tombait au combat il était renvoyé dans les Méandres. Mais le Néhantiste était en mesure de les ré-invoquer immédiatement, cette bataille ne pouvait finir que dans le sang de ses adversaires car les démons ne se fatiguaient pas.
Mais c'était sans compter sur la puissante magie de Dragon ! Depuis le début du combat Maître-Mage Pilkim aidé d'Aerouant et d'un certain nombre de mages pratiquaient discrètement un rituel expérimental et bien particulier. Aerouant connaissait bien les démons, il savait qu'ils ne mourraient pas vraiment. Aussi il entreprit de bloquer temporairement le chemin d'accès entre les méandres et l'invocateur. La terre se craquela sous l'effet de l'apparition de grandes lignes de magie à la lumière bleue. Ces lignes s'entrecoupèrent pour former comme une sorte de gigantesque toile d'araignée.
Amidaraxar comprit de quoi il s'agissait lorsque les démons qu'il rappelait ne purent revenir. A ce moment précis il sut qu'il venait de perdre la bataille...
Chapitre 2 - Cambriolage
L’Arc-Kadia dessina de larges cercles autour du palais de Bramamir, laissant derrière lui deux sillons de fumée tout droit sortis de ses deux imposants moteurs. Puis le navire ralentit, au début imperceptiblement puis de plus en plus, finalement il s’arrêta totalement au niveau du balcon du bureau du gouverneur. Al la Triste suivie du commandant Malderez et de deux autres personnes qui retenaient l’Etranger désormais prisonnier de la célèbre pirate s’engouffrèrent par l’ouverture avant que l’Arc-Kadia ne s’en aille.
A l’intérieur le bureau semblait abandonné, des parchemins scellés attendaient sagement sur le bureau que quelqu’un veuille bien les lire. L’Amiral fit signe à Malderez de les récupérer, elle s’en occuperait sûrement lorsque le moment serait venu. Mais pour l’instant elle avait mieux à faire, elle tenait celui que l’on nommait l’Etranger, recherché par toutes les guildes et pour lequel une forte somme était offerte par le Conseil des Guildes. Mais alors que faisait-elle ? Pourquoi ne pas avoir directement mis le cap sur le château de Kaes pour livrer le prisonnier ? Une fois n’était pas coutume, c’était l'appât du gain ou devrait-on dire la possibilité d’avoir le beurre, l’argent du beurre et tout ce qui va avec qui motivait notre cupide Amiral. Encore un plan des plus “piratesques” consciencieusement pensé pour ne pas dire réfléchi entre deux goulées d’un alcool sorti d’on ne savait quelle distillerie douteuse. L’Etranger avait une valeur, celle de la prime tout d’abord, mais aussi toute autre car le personnage s’avérait être un Equinoxien ! Et d’après les rapports du Conseil, il existerait encore des vestiges de cette civilisation et donc potentiellement des trésors cachés. Cela suffisait pour motiver Al la triste qui depuis quelques temps déjà s’ennuyait. Une petite filouterie de plus était une bonne perspective pour une honnête pirate. La troupe fila en direction des geôles désormais bondées de politiciens véreux de l’ancien régime. Une séance de nettoyage de cellule plus tard l’Etranger se retrouva à nouveau enfermé.
- Nous n’allons pas faire les erreurs des draconiens Etranger, tu vas être sous une surveillance étroite. Ne pense même pas à utiliser un quelconque pouvoir magique.
- Personne ne me retiendra, croyez-moi.
- Nous verrons bien, passe une bonne nuit Etranger, demain nous discuterons de ton avenir. La nuit porte conseil parait-il...
Dans la prison, les ronflements de concert des nombreux pensionnaires maintenaient éveillé Malderez qui se retrouvait là à surveiller le prisonnier. C’était là une punition que le commandant acceptait, résigné et toujours dépité d’avoir perdu son propre navire. Malderez et l’Etranger avaient déjà passé plus de trois heures à se regarder l’un l’autre dans un duel de regards. Puis lassé, Malderez s’occupa à démonter son arme pour la nettoyer un peu. Il ne se doutait pas un instant que du côté de l’Etranger il se passait quelque chose.
Dehors, sur les toits une silhouette se détachait, à peine éclairée par les rayons d’une lune presque pleine. Les formes trahissaient la nature féminine de ce monte-en-l’air. La jeune femme, aussi agile qu’un chat arriva au bout d’un moment sur le toit de la tour-prison de Bramamir. Le bout d’une longue corde tomba juste en-dessous de la fenêtre à barreaux de la cellule de l’Etranger, puis la jeune femme s’accrocha à la corde avant de se laisser glisser. Elle veilla à ne pas faire le moindre bruit. Une fois arrivée au bout elle fit un nœud de manière à pouvoir conserver une main libre. A l’intérieur ni l’Etranger ni Malderez ne se rendaient compte de la présence de la monte-en-l’air. Elle en profita alors pour mettre son plan à exécution. Elle farfouilla dans son sac et en tira deux cristaux plats de couleur bleue. Discrètement elle gratta sur un des barreaux pour attirer l’attention de l’Etranger, celui-ci tourna la tête et vit la jeune femme avec le doigt posé sur sa bouche pour lui dire de garder le silence. Il garda son attention sur elle, cette dernière lui tendit un des deux disques qu’il accepta. Héléna posa la main sur le cristal qu’elle avait gardé en voyant que l’Etranger tenait le sien.
- Tiens bien ce cristal, il nous permet de discuter par la pensée du moment que nous avons tous les deux un contact avec.
- Qui es-tu ?
- Je m'appelle Héléna, je suis ton ticket de sortie... du moins si tu coopères, ce qui je pense sera le cas.
- Je t’écoute.
- Je ne fais partie d’aucune organisation, je suis indépendante. J’ai voué ma vie à retrouver les vestige de notre passé et ton cas m’intéresse. Tu es un Equinoxien n’est-ce pas ? J’en connais un bout sur ton histoire et je t’avoue que je cherche des reliques de ta civilisation. Est-ce qu’il y a ce style de reliques en Terre de Guem ?
- Pourquoi te donnerais-je ce qui appartient à mon peuple ?
- Parce que je peux te sortir de là et te permettre d’accomplir ta mission... oui je suis au courant de ça.
- Tu trahirais les tiens ?
- Oui je m’en fiche bien de ces idiots, et puis même si le monde était peuplé d’Equinoxiens je pourrais vivre sans qu’aucun d’entre vous ne me retrouve. A moins d’inclure dans notre marché un sauf-conduit éternel en ma faveur. Décide-toi nous n’avons pas de temps à perdre. Je te sors de là, tu me conduis jusqu’à des reliques de ton peuple et tout le monde est content ! Alors ? Tu marches avec moi ?
Le choix paraissait évident, d’un côté Al la Triste et un avenir plutôt obscur, de l’autre la liberté au prix de quelques babioles. Il aurait tout le loisir de tuer cette Héléna par la suite.
- J’accepte.
- Génial ! Allez, au travail, garde ce disque avec toi pour communiquer, dit-elle en fouillant dans son sac de sa main libre.
Elle sortit un cristal pour le caler à l’intérieur de la cellule sur le lit à côté de l’Etranger. Quelques instants après la magie opéra.
- A présent nous pouvons faire le bruit que nous voulons, ton geôlier ne remarquera rien.
Héléna farfouilla à nouveau pour en sortir cette fois une fiole de la taille d’une poire. Elle versa un peu de son contenu sur le haut et le bas des barreau. Le liquide translucide un peu visqueux rongea le métal avec facilité et l’Etranger eut à peine à forcer pour les enlever. Encore une évasion spectaculaire de l’Equinoxien.
Quelques jours plus tard, Héléna et l’Etranger à bord d’un navire volant volé approchaient des ruines de Caislean. Craignant alors de se faire repérer, le navire se posa à bonne distance et les deux membres d’équipage s’aventurèrent en direction de l’objectif. Ils traversèrent la forêt dense jusqu’à la lisière où enfin les ruines furent visibles. C’est à ce moment-là que l’Etranger se décida à agir. Maintenant qu’il était là, enfin débarrassé des pirates, il ne lui restait plus qu’à tuer Héléna puis rentrer en contact avec un Métamage pour obtenir de nouveaux ordres. Il laissa passer la jeune femme devant lui puis s’apprêta à frapper. C’est là qu’il sentit un objet pointu dans son dos. C’était Al la Triste, arme à la main.
- La nuit a-t-elle porté conseil ? Dit l’Amiral en plaisantant.
Héléna souriait satisfaite de son petit tour.
- Amiral, merci pour ton intervention.
- Ça faisait partie de notre arrangement, voleuse.
- Vous êtes de mèche ? S’étonna l’Etranger.
Héléna lui adressa un sourire qui en disait long sur comment elle l’avait dupé.
- Évidemment dit-elle. L’Amiral n’est pas une idiote, elle s’est renseignée sur toi et elle savait que tu ne dirais rien sur les nombreux sujets qu’elle aurait abordé. Donc il nous fallait agir de façon détournée avec toi. L’Amiral a fait appel à mes services et je l’en remercie. Je lui ai proposé ce plan : gagner ta confiance en t’aidant à te libérer, puis une fois libre que tu nous conduises à l’endroit où se trouve le trésor, cette ruine si je ne m’abuse. L’Amiral et quelques autres qui sont d’ailleurs assez mal cachés il faut l’avouer, nous ont suivi et nous devions ensuite te capturer à nouveau. C’est d’ailleurs chose faite.
- Allez, entrons dans ces ruines et trouvons les trésors qui y sont enfermés, ajouta l’Amiral en faisant signe à ses hommes de menotter leur “invité”. Tu viens avec nous, pas question d’y aller sans toi.
Peu de temps après le coup d’éclat, Al la triste, Héléna et l’Etranger s’enfonçaient dans le dédale de couloirs sous les ruines de cette ancienne résidence de Metamages, des magiciens Equinoxiens très puissants, disparus depuis des éons.
- Ne croyez pas que je vais vous dire quoi que ce soit femmes humaines, vous n’êtes rien pour moi et...
Héléna s’arrêta pour le gifler.
- Il parait que votre société est dirigée par les femmes justement, alors boucle-la.
Elle sortit alors un chiffon avant d’en bâillonner son exécrable compagnon. Une fois réduit au silence la voleuse montra le disque de cristal qu’elle utilisait pour parler avec lui.
- J’ai un plan, je ne pars jamais sans m’assurer avant que je parviendrai à mes buts. Ceci me permet de parler avec toi par la pensée, mais aussi à comprendre la langue d’une personne étrangère. Je vais pouvoir lire tous les symboles qui sont sur ces murs, dit-elle en montrant les grandes parois d’une salle dans laquelle ils se trouvaient.
Le temps passa vite à l’intérieur du complexe, et deux heures s’étaient déjà volatilisées. Héléna menait la petite troupe en suivant les indications et les indices disséminés un peu partout. Elle comprenait mieux la façon de penser des Equinoxiens. Leur magie se basait sur les écritures, visibles ou non. L’édifice était un véritable gruyère et beaucoup de portes n’étaient visibles qu’après des manipulations particulières que seul un Equinoxien, ou quelqu’un connaissant la langue, pouvait comprendre. C’est ainsi qu’elle parvint à résoudre des énigmes complexes et découvrir une vaste salle en partie écroulée.
- Je crois que je tiens quelque chose les amis ! S’écria Héléna en sautillant.
- Quoi ? Y a rien ici à part des décombres, répondit l’Amiral la mine perplexe.
- Que tu crois ! Regarde !
Héléna s’approcha d’un mur couvert de poussière et frotta dessus sur une petite partie à hauteur de genoux. Il y avait là plusieurs serrures disposées sur différentes portes, comme une série de petits coffres-forts. De quoi faire rêver la jeune voleuse qui détacha de sa ceinture une sorte de clé à l’aspect très étrange.
- L’affaire est dans le sac Amiral !
Chapitre 3 - Par la lumière !
Le vent balayait la surface comme une langue invisible. Les milliers de grains de sable qui avaient déjà parcouru d’innombrables lieues voletaient vers une direction inconnue. Parfois ils s’accumulaient au pied d’un rocher et parfois, comme à présent, au pied d’un vieux mur vestige d’un autre temps. Netjhim planta son bâton à tête de chacal dans le sable et examina les lieux, se protégeant du soleil d’une main et entortillant le bout de sa très longue barbiche du bout de ses autres doigts. Derrière lui la porte de l’Infini, découverte il y a quelques temps, donnait l’impression qu’une nouvelle terre s’étalait au-delà, mais il n’en était rien. Le prêtre de Ptol’a avait passé plusieurs semaines à déchiffrer les écritures inscrites sur chaque colonne de la porte. Ce qu’il avait découvert dépassait ses espérances bien que le contenu lui fit mauvaise impression. Elles indiquait qu’ici se trouvait la cité de Sundara, la plus grande des cités d’un âge dont nul ne gardait souvenir. Mais que celle-ci fut attaquée et en partie détruite durant une guerre entre le peuple qui grava ces symboles sur la porte et une race de guerriers impitoyables. La porte fut presque détruite et la quasi-totalité des habitants de Sundara fut tuée. Puis les dernières écritures indiquaient que les lieux étaient maudits et qu’en aucun cas il ne fallait s’attarder ici. Mais c’était déjà trop tard, Netjhim le savait bien, ils avaient découvert la porte et plus loin un squelette qui confirmait les écritures. Il y avait eu une grande bataille dans Sundara dont un des camps était composé d’êtres proche de Guem et l’autre, sûrement ces guerriers en armure. Depuis cette découverte l’équipe archéologique de l’historien royal continuait son travail de recherche. Sundara était là sous leurs pieds et la confirmation arriva lorsque les premiers vestiges furent déblayés. Netjhim n’aimait pas ce qu’il ressentait vis à vis de cet endroit. Pourtant il n’avait rien de très particulier si ce n’était son histoire, juste du sable, des émeraudes géantes et des vestiges...
A Mineptra le rapport de Netjhim était parvenu un matin jusqu’à la personne concernée, à savoir Sakina. A la lecture de celui-ci, elle comprit que l’affaire était très importante et ordonna que cette affaire soit sur le champ portée à la connaissance du roi Metchaf. La réponse ne se fit pas attendre et le soir même le commandant de la garde Royale était convoqué par le roi. L’homme en question était en poste depuis que Metchaf avait succédé à son père quelques années auparavant et sa renommée était aussi grande que celle du Vizir Mahamoud ou même que le roi en personne. Le jeune homme, paré de sa magnifique armure digne de son statut, rejoignit Metchaf dans la salle du trône. Lorsque Ahzred arriva Metchaf fit signe aux autres gardes et aux quelques personnes se trouvant là de les laisser seuls.
- Ahzred, mon ami, dit Metchaf en lui serrant le bras.
- Majesté.
- J’ai besoin de toi et de ta puissance de frappe.
- Je suis ton serviteur, que dois-je faire pour ton plaisir.
- J’ai reçu un rapport de Netjhim le prêtre de Ptol’a qui est actuellement dans une région reculée du désert. Il y a fait une découverte aussi incroyable que dangereuse selon ses dires. Je crains qu’il ne lui faille un appui de taille. Je ne suis pas certain qu’il s’y passe quelque chose, mais je préfère prendre les devants, car d’après les rapports du Conseil des guildes il y aurait une liaison avec les Equinoxiens et les portes de l’Infini. Cette mission est donc placée sous la responsabilité et le nom des Nomades du désert. Mets-toi en route dès que possible, Sakina connaît les détails de cette affaire elle t’indiquera où se trouve Netjhim.
Ahzred inclina la tête et sans une parole de plus s’en alla à la recherche de Sakina.
Presque une semaine s’était écoulée depuis la découverte de Sundara et l'équipe archéologique accomplissait un travail remarquable. Les premières ruines étaient désormais déblayées, confirmant ainsi l’existence de cette cité. Ahzred quant à lui avait retrouvé le prêtre de Ptol’a la veille et toute l’histoire lui fut racontée. Lui aussi n’aimait pas cet endroit, et il se sentit mal à l’aise dès qu’il s’approcha de la porte.
- Prêtre, tu me dis que nous sommes sur un champ de bataille et que les morts dorment sous nos pieds ?
- Oui champion, je ne sais pas combien ils sont, mais je sens qu’il y a eu d’innombrable morts dans cette région. Nous avons trouvé d’autres cadavres là-bas entre les ruines, venez voir.
Quand Netjhim parlait d’autres cadavres, Ahzred songeait à deux ou trois, pas plus, pourtant, là, entre les ruines des maisons de Sundara, c’était des dizaines de squelettes qui reposaient depuis des siècles. Et parmi eux distinctement on discernait les deux peuples: des guerriers de grande taille en armure et des personnes plus petites dont les restes de vêtements laissaient à penser qu’ils n’avaient rien de soldats ou d’hommes d’armes.
- Quelle désolation, dit Ahzred en se penchant sur un squelette au crâne fracassé. Leurs blessures laissent à penser que la bataille fut d’une violence extrême. regarde prêtre, ils ont une pierre-cœur, dit-il en montrant les squelettes de petite taille.
- Le peuple proche de Guem, comme indiqué sur la porte de l’Infini. Les pièces du puzzle s'emboîtent parfaitement.
- Mais il en manque encore. Pourquoi est-ce que ce peuple a disparu ?
- Je n’en ai aucune idée.
A ce moment là un des ouvriers de l’équipe arriva en courant, essoufflé et transpirant.
- Nous avons... trouvé... quelque chose ! Venez s’il vous plaît, c’est un peu plus loin là-bas, dit-il en montrant une direction.
Les deux Nomades du désert suivirent l’ouvrier jusqu’à une autre ruine en bien meilleur état que les autres et autour de laquelle le reste du groupe d’archéologues s’affairait. L’historien royal se tenait la tête en exultant de joie.
- C’est incroyable, avoir trouvé une cité inconnue est un fait rarissime et c’est encore plus vrai lorsque celle-ci est d’un peuple qui vécu ici bien avant nous. Regardez les écritures sur les murs, c’est exactement le même style que celles de la porte.
- Oui il m’a fallu beaucoup d’efforts pour les déchiffrer, je pense que cette écriture-là est l’ancêtre de la nôtre, dit Netjhim en examinant les murs.
- Il y a une ouverture de ce côté ! Hurla un ouvrier.
Ahzred laissa Netjhim à la contemplation et à la traduction des écritures pour voir de quoi il retournait. De l’autre côté de l’édifice une portion du mur s’était écroulé, laissant ainsi un passage suffisamment large pour laisser passer une personne. A l’intérieur il faisait sombre aussi les ouvriers allèrent chercher de quoi éclairer, Ahzred lui, sentait que quelque chose n’allait pas ici, outre cette ville champ de bataille il gardait ce ressenti, comme un maléfice ambiant, quelque chose qui dormait profondément depuis longtemps. Enfin une torche fut allumée et un ouvrier allait entrer lorsque Ahzred posa la main sur son épaule.
- Attends ! Donne-moi cette torche, je vais y aller.
- Mais vous ne préférez pas que je vérifie que tout aille bien d’abord ?
- Justement, si quelque chose ne va pas, je préfère que cela me concerne uniquement, dit Ahzred en prenant la torche.
Le champion de la garde royale entra lentement, éclairant autour de lui pour mieux comprendre où il mettait les pieds. Le trou était en réalité à mi-hauteur du mur et devait descendre jusqu’en bas. Le sable s’y était engouffré, offrant une pente glissante que le champion dévala en parvenant tout juste à se maintenir. L’édifice en lui-même n’était qu’une seule et gigantesque grande pièce. Le piège se referma sur lui au moment même où il posa le pieds sur le sol ferme. L’ambiance changea. La lumière qui émanait de l’orifice disparut d’un coup, remplacé par un sorte de voile légèrement violacé. Des formes humanoïdes se détachèrent sur le fond, et une chose était sûre, celles-ci n’étaient pas amicales car, à la lumière de la torche, Ahzred pu voir qui elles étaient : des hommes, grands, crânes rasés, la peau plissée, des cristaux transparents sortants de leurs bras, jambes et visages, tous armés de larges lames rouillées. Ahzred jeta la torche au sol et en appela à Ra dieu de la lumière pour que celui-ci lui apporte la force nécessaire pour vaincre ses ennemis. Un cercle de lumière pur apparut derrière lui et ses yeux s’enflammèrent d’énergie, Ra l’avait entendu et lui accordait ses faveurs pour cette bataille. Ahzred serra les poings avec force, ceux-ci étaient ses armes à lui car il ne portait pas l’épée ou la lance comme les autres gardes royaux. Il esquiva le premier coup d’un de ses adversaires puis hurla “PAR LA LUMIERE !” avant d’abattre son poing vengeur sur la figure de l’opposant qui s’envola comme le sable dans le vent. Puis ce fut la mêlée, le combat d’un passé affrontant le présent. Ces spectres de l’Equinoxe seraient venus à bout de n’importe quel autre combattant qui aurait eu le malheur de s’aventurer ici, ils n’auraient fait qu’une bouchée de l’ouvrier si celui-ci n’avait pas été retenu par Ahzred. Mais leur adversaire avait la foi la plus pure et il se battait dans le but de protéger le groupe qui se trouvait à l’extérieur plus que pour lui-même. Un à un les Equinoxiens tombèrent, brûlés par la colère divine de la théurgie du champion. Et lorsque, quelques temps plus tard le dernier tomba, son sang recouvrait son armure et les symboles divins. Il n’en pouvait plus, son cœur battait tellement fort qu’il pensait qu’il ne pourrait tenir longtemps et s’arrêterait. Mais il n’en fut rien... Ahzred s’agenouilla et ferma les yeux pour se concentrer.
- Dieux ma vie vous appartient, je vous remercie de m’avoir soutenu dans cette épreuve.
Les dizaines d'éraflures et de blessures se refermèrent lentement sous l’effet salvateur d’un dieu l’ayant pris en pitié. Il se releva alors, titubant, comme à chacun de ses combat il avait donné son maximum, frôlant ainsi ses limites. L’ambiance redevint normale et il ramassa la torche qui continuait à brûler par terre.
- Cet endroit est maudit... mais pourquoi ?
A cette interrogation vint une réponse, là au milieu de la salle se trouvait un cristal vert émeraude aussi grand que lui en forme d’œuf. Il s’approcha lentement et distingua une forme en son centre. La lumière de la torche soulignait les traits de la personne enfermée à l’intérieur. C’était un membre du peuple proche de Guem, ceux que l’on appelait Mangepierre. Celui-ci avait les traits masculins, ne portait qu’un pantalon large, ses cheveux étaient courts et sur son torse de larges lignes plus claires que sa peau. Ahzred posa la main sur le cristal et une voix se fit entendre.
- J’ai attendu depuis des siècles que tu viennes me retrouver. Je suis le dépositaire du savoir de mon peuple, en moi dorment les âmes de mes semblables. Je suis prêt à reprendre le combat contre l’Equinoxe. Mon nom est Adhikara.
Chapitre 4 - Autant en emporte la mort
Une forme argentée se faufila entre deux bosquets, laissant au passage sur les feuilles piquantes une petite touffe de poils. Le renard argenté reniflait l’air frénétiquement en quête d’une odeur particulière, puis après avoir parcouru plusieurs cercles la truffe en l’air, il perçut enfin le parfum de sa maîtresse. Il leva une oreille, puis l’autre et d’un coup se mit à courir en remontant la piste odorante. Un saut au-dessus d’un petit rocher, un autre au dessus d’une branche, quelques détours entre les arbres et enfin apparut celle qu’il cherchait depuis plusieurs jours.
Theya se tenait près d’un petit feu où le bois humide dégageait beaucoup plus de fumée qu’il ne brûlait. Heureusement que dans les environs nul ne vivait à part les biches, les sangliers et autres volatiles. L’Equinoxienne grelottait en tentant de se réchauffer, pestant sur ce monde qu’elle détestait plus que tout. Lorsqu’elle entendit les branches craquer elle leva la tête et vit la boule de poil foncer sur elle. L’animal véritablement content de revoir sa maîtresse gigotait dans tous les sens.
- Tu m’as retrouvé, dit Theya envahie par la joie. Tu es aussi sale que les humains de ce monde, mais je suis tellement ravie que nous soyons réunis. Lorsque je t’ai vu détaller lors de l’affrontement avec ces sauvages habillés de violet et noir j’ai cru que jamais nous ne nous reverrions. Notre mission est un échec, il nous faut rentrer et avec toi je vais pouvoir retrouver d’autres sources de magie Equinoxienne.
Le renard continua de faire la fête quelques minutes, temps durant lequel Theya remit en place ses idées, qu’elle formalisa en dessinant un schéma sur le sol.
- Oui cela peut fonctionner ! Si jamais j’arrive à accumuler suffisamment de puissance je peux prendre contact avec les forces de l’Impératrice.
Nous pourrions savoir quand une nouvelle porte de l’Infini va pouvoir être ouverte. Viens ici ! Le renard s’arrêta de courir dans tous le sens et se planta devant elle en inclinant la tête. Il se passa alors un fait étrange. N’importe qui d’extérieur à la scène n’aurait vu là qu’une personne grattouillant le museau d’un canidé, mais en réalité Théya utilisait ses pouvoirs pour améliorer les perceptions de son petit compagnon. Les yeux de ce dernier brillèrent d’une lueur pourpre.
- Je vois par tes yeux... oui... il y a des sources de magie Equinoxienne. Partons sans délais mon ami, je n’en peux plus de ce monde, mène-moi.
L’animal se mit en marche en prenant la direction du nord ce qui les mènerait à la frontière de Baranthe et beaucoup plus loin à la Draconie. Mais le duo n’alla pas très loin. Après à peine une heure de marche les choses se compliquèrent pour eux...
Quelques jours avant cela, au château de Kaes.
- Vous vouliez me voir, Conseiller ?
- Ha ! Conseiller-Doyen Vérace ! Oui, entrez donc.
L’homme à la livrée du Conseil des Guildes referma délicatement la porte derrière lui avant de se rendre jusqu’au bureau de Chantelain, au demeurant croulant sous les parchemins. Le visage du doyen exprimait une grande fatigue et une inquiétude palpable. Vérace s’installa dans un des deux fauteuils face à Chantelain et examina l’environnement : plusieurs plateaux-repas avec dessus des restes de nourriture, des vêtements privés probablement sales et un divan sur lequel se trouvait une couverture. Tout indiquait que le Conseiller n’était pas sorti de son bureau depuis quelques temps déjà.
- Vous êtes au fait de tout concernant l’affaire “Equinoxe” ? Demanda Chantelain en se grattant la joue qui le démangeait du fait de sa barbe naissante.
- Bien sur c’est notre priorité, je suis donc l’affaire avec beaucoup d’assiduité.
- J’ai regroupé là les différents rapports des guildes, ainsi que les observations faites par nos forces internes à ce sujet. Jusqu’à présent nous avons dénombré trois Equinoxiens...
Mais Vérace coupa.
- L’Etranger, actuellement entre les mains de l’Amiral Al la Triste, un autre Equinoxien disparu dans les ruines de Caislean et enfin une Equinoxienne qui fut enlevée un temps par l’Equinoxien disparu. Nous n’avons plus entendu parler d’elle depuis.
- Jusqu’à hier c’était vrai. Mais j’ai reçu un rapport d’un de mes hommes, si vous voyez ce que je veux dire.
- Je vois parfaitement, dites-moi.
- Elle est en Baranthe, elle est dans une forêt et vit là en recluse.
- Comment l’avez-vous retrouvé ?
- Si nous avions perdu sa trace, tel ne fut pas le cas de son renard argenté.
- Renard argenté ?
- Oui, c’est un détail qui apparaissait dans plusieurs rapports qui m’a mis la puce à l’oreille. Il semblerait que l’Equinoxienne soit accompagné par ce renard, mais durant l’agression des Combattants de Zil ils ont été séparés. J’ai lancé mes hommes à sa recherche et finalement ils l’ont retrouvé, puis suivi, jusqu’à elle.
- Félicitations conseiller Chantelain. Ordonnez qu’on la capture.
- Je comptais m’en occuper en personne, Baranthe n’est pas très loin d’ici. Et si elle résiste ? Vérace réfléchit quelques secondes et dit :
- Si elle résiste... tuez-la.
- Très bien. Merci d’être venu Conseiller-Doyen, je me mets en route, je vous verrais à mon retour.
La nuit était tombée, mais Theya s’en moquait bien car les Equinoxiens n’étaient pas beaucoup affectés par l’obscurité car dans leur monde la lumière n’était pas aussi intense qu’ici en terre de Guem. Le renard progressait lentement mais sûrement, se focalisant sur la cible, une magie de l’Equinoxe visible à l’horizon. Ni lui, ni sa maîtresse ne virent les formes qui en silence se mouvaient autour d’eux. Une bonne dizaine de Traquemages s’étaient déplacés avec Chantelain le régent de l’organisation. Leurs cibles étaient là, le plan établi... Chantelain n’avait eu guère le loisir de revêtir lui-même les attributs de l’organisation aussi il s’occuperait en personne de l’Equinoxienne. Quant au renard argenté son sort était scellé. Un des maîtres Traquemage dégaina un de ses étranges pistolets, pointa le canon en direction de l’animal et appuya. Le projectile, propulsé à vive allure se ficha dans le coup de la bête qui se retrouva quelques mètres plus loin, elle ne survécut pas à cette blessure. Theya tenta de saisir son masque pour se préparer au combat.
Mais l’équilibre des forces n’était pas en sa faveur. Que pouvait-elle faire face à ces hommes et ces femmes dont la vie entière était vouée à la mort. L’honneur fut laissé à Chantelain qui tenait la lame d’Ebohki, une arme redoutable. Avec une vitesse incroyable il bondit sur l’Equinoxienne, enfonça profondément la lame entre deux côtes, perçant le cœur au passage, puis retira pour sceller le destin de l’Equinoxienne. Celle-ci se tint le côté et réalisa, son cœur s’était arrêté de battre, la mort allait l’emporter, elle avait échoué, elle tomba...
Chantelain et les autres Traquemages l’entourèrent et vérifièrent que les deux cibles étaient bien mortes.
- Rapides et efficaces, comme toujours mes amis. J’annoncerai que l’Equinoxienne a déployé des pouvoirs trop importants et qu’elle représentait une menace, par conséquent nous avons dù éliminer la cible.
- Traquemage ne fait pas de prisonnier, dirent en cœur tous les Traquemages avant que, dans la nuit, ils ne disparaissent.