De Eredan.

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La chaleur au cœur

De fines gouttelettes glissaient sur sa peau. Il n’aurait su dire si cela venait de la chaleur ou bien de la peur qui sourdait au fond de lui. Face à lui se trouvait cette créature inhumaine au regard empli de rage. La bête chargea d’un coup alors qu’il restait tétanisé. Un bruit le sortit de sa torpeur mais un peu trop tard, il ne parvint pas à esquiver complètement l’assaut de son adversaire et se retrouva projeté au bord du précipice. Son regard contempla alors le vide avant de percevoir le fleuve rougeoyant qui rampait en contrebas.

Il ne pouvait pas se permettre de rêvasser, sa vie et son avenir dépendaient de cet affrontement et déjà le pas rapide et sourd de la créature approchait. La chaleur l’oppressait rendant chaque mouvement pénible mais il n’avait pas le temps de réfléchir, dans un élan de courage (ou de témérité), il se releva et chercha à stopper la charge de la brute. Il contracta ses muscles, affermit sa posture et ses appuis et se prépara. Mais c’était peine perdue, son adversaire monstrueux le surpassait de loin en force et en taille. Ce dernier l’attrapa à la gorge et le souleva amenant son regard furieux à hauteur du visage d’Heralkos :

- Tu n’es même pas digne d’être considéré comme un combattant ! Tu n’es qu’un être frêle et Faible! éructa la créature d’une voix gutturale

Heralkos ne pouvait supporter un tel affront mais avant même qu’il puisse se débattre, il fut violemment projeter au sol. Il comprit qu’il n’avait aucune chance de le soumettre, du moins pas par la force… La bête recommença à charger mais les cornes en avant cette fois-ci. Plus de doute possible, cela devenait sérieux et la mort une éventualité, une éventualité qu’il ne pouvait accepter ! La détermination se lisait enfin dans son regard. Il se baissa juste à temps pour éviter les cornes de la créature et d’un mouvement vif et rotatif, il la fit trébucher malgré ses lourds sabots. Il se précipita alors pour tenter de la maintenir au sol mais fut projeter à plusieurs mètres d’un violent coup de coude dans le thorax lui coupant le souffle au passage. Son adversaire humanoïde en profita et lui asséna un coup de sabot direct dans l’abdomen.

- Voilà donc la valeur des…. Un léger silence plana avant que la bête ne continue avec un profond dédain :

- …..Humains ?

Heralkos récupérait tant bien que mal son souffle, étouffant à demi du fait de la douleur et de la chaleur pesante. Il réussit malgré tout à répondre avec difficultés :

- Nous… ne sommes… pas que des… humains ! Nous sommes…. des… Runiques !

Sur ces mots, il se releva et frappa son adversaire d’un brusque et puissant coup d’épaule dans l’estomac qui le fit lourdement chuter. Heralkos semblait mu par une nouvelle énergie, une nouvelle force. Il ne laissa pas le temps à la créature de reprendre ses esprits : il se saisit un des bras musculeux de la bête et entreprit une clé de bras. La bête résista, menaçant de faire céder le combattant runique mais celui-ci ne lâcha pas, maintenant sa prise et la douleur qu’elle engendrait.

- Abandonne ! ordonna l’humain

- Jamais ! Un minotaure ne s’avoue jamais vaincu !

- Ne m’oblige pas à te briser le bras !

- J’ai dit jamais ! meugla la bête Pas face à un… Humain ! dit-il dans une expression de haine pure.

C’est le moment que choisit la créature pour mordre le mollet d’Heralkos puis elle se releva et l’obligea à lâcher d’un brusque mouvement de rage qui l’envoya voler au bord du précipice. La lave coulait toujours en contrebas mais elle semblait désormais agitée de la même rage que le minotaure. L’humain fut alors agrippé à la cheville, il essaya de se retenir au rebord du précipice mais la pierre s’effrita et la bête le souleva, prêt à le fracasser sur le sol comme une marionnette de chiffon. Heralkos eut juste le temps d’envoyer son pied à la face de la bête qui lâcha prise. Cette dernière était furieuse, elle chargea cornes en avant. La pierre vibrait sous le martèlement des sabots. Le combattant humain roula sur le côté évitant de peu de se faire piétiner mais déjà la créature faisait demi-tour et recommença avec plus encore d’intensité. Il ne pouvait qu’esquiver sans quoi il ne donnait pas cher de sa peau. La bête gagnait en fureur à chaque passage au cours duquel elle le manquait.

C’est alors Heralkos eu une idée :

- Aussi fort sois-tu, tu ne fais pas le poids face à un humain ! hurla-t-il pour couvrir le vacarme des charges répétées.

Aussitôt le minotaure s’arrêta et fixa haineusement le combattant :

- Comment oses-tu dire de telles insanités ! Ma race est en tout point supérieure à la tienne et cet affrontement en sera la preuve ! Cesse donc de fuir et vient te battre !

- Je n’ai aucune leçon à recevoir de la part d’une vache se moqua Heralkos

Voilà qui fut trop pour la créature qui chargea tête baissée, malheureusement elle n’avait pas pris garde à l’endroit où se trouvait l’humain et lorsque celui-ci roula pour esquiver, elle eut à peine le temps de voir le ravin qui se trouvait derrière. Le minotaure racla le sol de ses sabots pour ralentir son élan, son adversaire en profita pour se relever et asséner une manchette à la bête qui fut sonné par le coup et se retrouva à terre. Heralkos commença alors à frapper pour la maintenir étourdie et alors qu’il cognait, la rage montait en lui, semblable à cette créature qui était son adversaire. Il saisit alors une corne pour maintenir la tête et asséner un dernier coup, de toutes ses forces.

C’est alors qu’intervint un homme lourdement armé et caparaçonné d’une armure couverte de runes :

- Ça suffit Heralkos ! Ce n’est qu’un entrainement !

- Je…

- Ne dis rien, la rage est souvent une alliée puissante sur le champ de bataille mais elle peut aussi être ta pire ennemie.

- Je saurai le retenir Seigneur runique.

- Et n’oublie pas que ton père et les autres dieux nous regardent et nous jugent.

Toutes les autres recrues qui étaient autour et avaient assisté à la scène reprirent en chœur :"Les dieux nous regardent et nous jugent".

Puis le seigneur runique ajouta tout bas, à l’attention d’Heralkos :

- Et ils doivent être fiers de toi, tu es le premier à battre un minotaure dans une épreuve de force…


Tous autour du feu, Nomades comme membres de la Légion Runique, écoutaient Agillian avec attention et surprise.

- Voilà comment à commencer la légende du demi-dieu Heralkos au cœur du volcan de Faistaios. C’est lui qui a su unir le peuple humain et le peuple minotaure sous la même bannière en gagnant le respect de ces valeureux combattants ne vivant que pour la guerre.

- Chez nous, la légende dit que le Seigneur runique a interrompu le combat au moment où Leitoran (c’était le nom du minotaure) allait piétiner votre héros, dit Loquitus avant de partir dans un rire communicatif.

Agillian donna une tape amicale à son ami le minotaure puis il ajouta :

- La dernière fois que j’ai raconté cette histoire tu disais que Heralkos était le minotaure et Leitoran l’humain, puis il rit lui aussi de bon cœur avant de reprendre :

- Heralkos a accompli bien des exploits par la suite. De nos jours, on s’entraine encore à Faistaios et tous les enfants de la guilde de la Légion runique ont entendu un jour l’histoire d’un des douze travaux d’Heralkos…


FIN

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