De Eredan.

Sans titre

Cette balade, « Comme Une Vierge », vous voulez que je vous dise de quoi ça parle ? Ca parle d'une fille qui est mordue pour le Serpent de Brume. Cette chanson, c'est une métaphore sur les attributs du Serpent de Brume.

Et moi je dis que tu racontes des conneries, coupe un gros homme qui griffonne des noms sur un carnet en même temps. La discussion s'interrompt immédiatement, le gros homme étant non seulement le doyen mais aussi le capitaine de l'équipage.

Vous connaissez Ka Billy vous, le barde qui fait revivre le son des années 70 ?... Demande timidement un autre, plus jeune ?

Les discussions reprirent, pour rapidement redevenir animées et entrainées. Le diner servi par cette taverne n'était certes pas ragoutant, mais il avait réchauffé le ventre de l'équipage. Les matelots s'échangeaient leurs anecdotes de voyage, riant ensembles de leurs déconvenues passées.

Ah, un quatre-livres de steak au fromage ! Tiens, vous savez comment ils appellent un « Steak Royal » en Xia ?

Un « Steak Royal » ?

Mon cul ! Ca a pas de sens royal chez eux, avec leur système d'empereur !

Mais alors quoi ?

Ils disent « Steak Impérial »

Ah ouais... Et les Noz Dingards, comment ils appellent un « Régime Draconien » alors ?

Je sais pas, je suis jamais allé en Draconie.

L'homme noir haussa les épaules, avouant son ignorance et dévoilant par la même son bras mécanique.

L'un des hommes, resté silencieux jusqu'à présent, pris alors la parole :

Moi je suis allé en Draconie une fois, pour un coup. Ca a failli mal tourner, d'ailleurs...

La pause semblait savamment calculée, l'homme ménageait ses effets. Ayant capté l'attention de son auditoire, il commença enfin son histoire.

- C'était pendant la dernière pénurie de tabac en Draconie, il venait d'être prohibé. J'avais quand même un contact, ce qui était fou vu que... On ne pouvait plus trouver de tabac nulle part.

Bref, j'avais un contact avec cette fille qui en cultivait chez elle, et tous les autres membres de l'équipage le savait très bien.

Ils m'appellent et ils me font « Hey, Erev... Hé, mec. Tu vas en cherche ? Tu peux m'en prendre pour moi aussi ? » Ils savaient que je fumais, et ils me demandaient de leur en acheter.

Je vous promets, chaque fois que j'allais acheter du tabac, j'achetais pour quatre ou cinq personnes.

Rappelez-vous qu'à ce moment là c'était une putain de crise. Plus personne n'avait plus rien, les gens fumaient le bois de leurs pipes. Bref, la fille avait du tabac à vendre, et elle me suppliait de le faire pour elle. Mais moi, je lui ai dit que je ne voulais plus être son mec à herbe, mais que j'étais OK pour en vendre aux mecs de l'équipage. 10 pour cent pour moi et du tabac gratuit.

Elle accepta, à une condition : que je l'aide avec une vente ce week-end là.

Elle devait vendre un gros paquet d'herbe et elle avait peur d'y aller seule. Normalement, c'était son frère qui y allait mais il était en taule. Qu'est-ce qu'il avait fait ? s'enquiert un type à l'autre bout de la tablée Des vols de cx, et des acquisitions frauduleuses de Feez. Les sorcelames l'ont retrouvé, l'ont chopé et l'ont mis en taule.

En tout cas, la fille ne voulait pas se trimbaler seule à une vente avec tout ce tabac.

Je voulais pas le faire, j'avais un putain de mauvais pressentiment, mais elle arrête pas de me demander. A la fin j'ai fini par accepter juste parce que je ne voulais plus l'avoir sur le dos.

Donc, on va à l'auberge de la frontière...

Attends. T'es allé à l'auberge de la frontière avec le tabac sur toi ?

L'acheteur voulait tout tout de suite, pas le choix, répond l'homme.

Bref, on va à l'auberge... et on attend. Je me coltine le sac d'herbe accroché en bandouillère, pas pratique du tout. J'ai trop la dalle, alors je dis à la fille que je vais aller en cuisine, en emportant le sac.

Donc, je rentre dans les cuisines et qui est-ce qui est là ? 4 sorcelames. 4 putains de sorcelames. Je les regarde, elles me regardent. Je suis dans une putain de merde, je me sens genre complètement grillé. Chaque veine de mon corps, chacun de mes putains de nerf est en train de me hurler de me tirer en courant. Je panique encore plus qu'un garde xziarite en face d'un mage. Ces sorcelames, elles m'ont forcément grillé !

Et ben nan. Elles continuent leur conversation : « Je l'ai poursuivi sur plusieurs rues, jusqu'à le rattraper dans une impasse. Il est bloqué, il est foutu, j'ai ma lame pointée vers ce pouilleux de brigand. Je la pointe sur lui, et je lui dis... « Stop ! Plus un geste ! » Ce pauvre idiot me regarde et me répète en boucle « Je sais, je sais... », mais pendant ce temps il a sa main qui glisse vers son épée... Je lui balance « Hin hin ! Je sais ce que tu penses : 'est-ce qu'elle m'a déjà tiré 2 ou 3 Boules de feu ? Est-ce qu'il lui reste assez pour en retirer une nouvelle ?' Franchement, pour te dire la vérité dans toute cette agitation j'ai un peu perdu le compte moi-même. Mais vu que j'ai une lame sorcière en main, l'une des plus puissantes armes magiques au monde, et que je pourrais te cramer la tête, tu dois te poser une question : 'est-ce que je tente ma chance ?' Vas-y, tu la tentes ou pas ? »

Moi pendant ce temps, je coupe ma tranche de viande, un morceau de pain, et je me fais oublier le plus possible. Je serre le sac contre moi en priant pour qu'il passe inaperçu... Et là, je fais tomber une marmite par terre, elles se retournent et me dévisagent.

Je suis presque en train de me faire dessus là, je peux déjà les imaginer m'entourer et me demander d'ouvrir mon sac...

Mais non, encore une fois elles reprennent leur discussion : « Donc la main du mec continue de glisser vers son épée, et vous savez ce qu'il voulait sortir en fait ? Ses putains de papier. » Les autres sorcelames se marrent toutes, genre « Quel con ces types, ils se rendent donc jamais compte à quel point ils passent à ça de se faire cramer ? »

A ça.

Moi aussi je suis passé à ça de me faire cramer.

Putain d'histoire mec. Bravo, t'as réussi à gérer. Tu t'es chié dessus, mais t'as pas hésité et tu as plongé la tête la première. Le capitaine félicitait admirativement l'homme.

Ce dernier souriait, mais dissimulait derrière son sourire un autre contentement : « Leur respect, je dois gagner leur respect. Plus ils me prendront pour l'un des leurs, plus j'ai de chances de pouvoir les attraper tous en flagrant délit.

Pour pouvoir travailler sous couverture parmi des pirates, faut être un bon acteur. »

Reprenant rapidement sa posture impassible, il se félicitait intérieurement : « Je les débusquerai en flagrant délit, et je récupérerais les butins qu'ils ont volé. Foi du plus grand détective de ce monde ! »



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