De Eredan.

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Version du 4 décembre 2012 à 08:30

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Sommaire

Voyage

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Voilà déjà plusieurs jours que les membres de la Kotoba arpentaient les routes impériales. Ils avaient traversé de nombreux villages et, à chaque fois, les habitants prévenus de l'arrivée d'illustres héros, leur avaient offert le gîte et de somptueuses fêtes. Ils avaient quitté Okïa, l'endroit le plus éloigné de la capitale Impériale mais aussi le plus proche du Tombeau des Ancêtres. Le lieu où se trouvait la pierre Tombée du Ciel n'était plus qu'à deux jours de marche.

Ils avaient franchi les grandes portes de Ji construite par leurs ancêtres afin de conduire les morts vers le monde du repos éternel. En cela, ils avaient brisé le traité passé entre la Draconie et l'Empire. Mais peu importait, les temps avaient changé et leur victoire sur les étrangers était acquise. Du moins le pensaient-ils...

Les routes au travers de ces contrées depuis longtemps oubliées n'étaient plus que de vagues chemins. Amaya remarqua alors des traces de pas.

- Là ! Regardez !, s'exclama-t-elle.

La jeune femme montrait du doigt une fumée s'élevant dans les airs non loin de là. Aku s'approcha timidement du Seigneur Impérial.

- Je crois savoir de qui il s'agit. Nous avons rien à craindre d'eux.

Très vite la Kotoba fut sur place. Là attendaient deux personnages énigmatiques. L'un habillé avec fantaisie et la figure maquillée amusait l'autre, un énorme monstre aussi musclé que gras.

- Kyoshiro et Okooni ! S'écria le jeune Iro, des étoiles plein les yeux.

Les deux personnages se retournèrent vers le groupe.

- La Kotoba réunie ou presque. C'est une bonne chose que vous soyez là, leur dit Gakyusha.

Kyoshiro, le plus petit des deux s'avança vers son chef pour le saluer.

- Mon Seigneur, nous avons vu la pierre météore et j'ai su à l'instant où elle s'est écrasée que vous viendriez jusque là.

Sen'Ryaku alla jusqu'au feu pour l'éteindre en l'étouffant.

- Tout ça n'est pas très malin, par contre. Les dragons ne sont pas très loin d'ici, ils vont nous repérer !, lança-t-elle.

En réponse Kyoshiro la regarda dans les yeux puis secoua la tête négativement.

- Ils savent que nous arrivons depuis longtemps. Ne les sous estimez pas !

Campement

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Voilà déjà une bonne journée que les Envoyés de Noz'Dingard avaient monté leur campement au pied de l'immense pierre Tombée du Ciel.

Zahal, Eglantyne et Moîra étaient partis explorer les environs et surveiller l'éventuelle arrivée de leurs ennemis de toujours : la Kotoba. Durant ce temps-là, le reste de la troupe discutait tranquillement, profitant de la relative quiétude des lieux.

Prophète était installé dans un fauteuil de voyage, grattant avec beaucoup d'attention un Kounok couinant de plaisir. Anryéna discutait avec son petit-fils d'un sujet qui passionnait le jeune homme : sa famille.

- Anryéna, vous êtes la mère de Prophète et par conséquent ma grand-mère. Mais Prophète n'a jamais voulu me dire qui était son père.

- Mon petit, il est naturel que tu t'interroges sur la lignée qui est la nôtre. Je pense qu'il y a des secrets que ton père aurait dû te révéler depuis quelques temps déjà et que tu dois connaître. Le jeune homme bouillait d'impatience.

- Je suis la fille de Dragon et de Zaïna la première Sorcelame.

Aerouant ouvrit de grand yeux, la relation devint évidente. Il était l'arrière petit-fils de Dragon ! Assis dans son fauteuil, Prophète écoutait sa mère dont le physique était éternellement celui d'une belle jeune femme.

- J'ai eu deux enfants, ton père est l'ainé. Le second ... Le plus surprenant, est le fait que ton oncle ne soit pas de forme humaine.

- Kounok !! s'exclama Aerouant.

Le petit dragon fixa le cristallomancien avec beaucoup d'intérêt.

- Quand à toi, descendant de Dragon, ta mère n'est autre que l'actuelle dirigeante des Sorcelames, la vénérable Naya. Mais Prophète et elle sont en froid depuis bien des années déjà. Seules leurs fonctions respectives les obliges à se côtoyer.

- Mère, il suffit ! Se sont là des histoires qui ne le regarde pas, du moins pas directement...

Un peu plus loin Alishk était perdu dans sa concentration. Depuis leur arrivée ici, il avait ressenti quelque chose d'étrange avec cette pierre Tombée du Ciel et il était resté ainsi, examinant de tous ses sens magiques l'immense gemme.

Mais il s'était heurté à une sorte de champ de protection dont la nature lui échappait totalement. Nul ne pouvait toucher la pierre. Elle diffusait une douce lumière jaune qui remplissait l'exilé du désert d'une énergie salvatrice.

- Alors Alishk, qu'est ce que ta magie te fait ressentir ?

Le petit garçon qui venait de parler se cachait derrière de grandes lunettes.

- Etrangement je ne ressens rien d'agressif, mais je pressens aussi que cela n'est qu'une façade. Tu devrais peut-être essayer toi aussi de ressentir ce qu'il en est, Pilkim.

- Oui, tu as raison....

Tempête

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Le vent soufflait au travers des branches des arbres millénaires de la forêt des murmures. Moîra, Eglantyne et Zahal avaient fait le tour à l'orée du bois et retournaient vers le campement quand les sens magiques de la plus jeune des Sorcelames s'éveillèrent.

- Nous avons de la visite. Des gens se cachent non loin d'ici.

Zahal fit signe aux sœurs d'aller voir ce qu'il en était. Celles-ci exécutèrent rapidement une passe magique avant de plonger dans l'ombre de la forêt. Le Chevalier Dragon attendit quelques instants avant de s'élancer à son tour dans les broussailles...

Le Seigneur Impérial de son côté avait envoyé Tsuro, Amaya et Ryouken en éclaireurs afin d'en apprendre plus sur les Envoyés de Noz'Dingard et sur les personnalités présentes. Les trois Kotoba s'étaient alors aventurés aux abords du campement "ennemi". Ils virent les Sorcelames et le Chevalier s'éloigner du campement et se diriger vers la forêt. C'était là une bonne occasion de récolter des informations sur ces étranges personnes dont la renommée était parvenue jusqu'aux oreilles de l'Empereur. Les deux traqueurs ne parlaient pas avec leur voix, mais par signes. Ils purent ainsi communiquer en silence et suivre les Envoyés. Bien cachés, ils n'imaginaient pas qu'ils puissent être découverts par des êtres qui, pensaient-il, leur étaient inférieurs. Amaya, encore novice dans l'art de la discrétion, se fit repérer par les femmes de Noz'dingard...

Eux sont les maîtres de l'invisible. Les Combattants de Zil avaient longuement espionné les Envoyés et la Kotoba. Ils avaient repéré leurs victimes. Mais Télendar n'était pas homme à agir sans avoir toutes les cartes en main.

- Soriek, Ergue, Granderage, allez dans la forêt et éliminez tous ceux que vous y croiserez.

Le jeune homme examina Marlok.

- Tu sais manier les éléments si mes souvenirs sont bons.

- C'est exact. Mais il y a longtemps que je n'ai pas utilisé mes pouvoirs.

- Peu m'importe. Fais ce que je te demande.

Le mage obéit à l'ordre donné par son chef. Il se plaça sur un rocher pour avoir une bonne vision d'ensemble et commença à psalmodier des incantations magiques. Rapidement des nuages s'amoncelèrent au-dessus du point d'impact de la pierre Tombée du Ciel. Puis le vent se mit à battre la plaine et la Forêt des Murmures. Marlok continuait ses efforts, mais hélas il n'était pas le meilleur dans la création de tempête et très vite elle échappa à son contrôle, libérant des forces dévastatrices. Des éclairs déchirèrent le ciel et des tornades commencèrent à se former un peu partout. Le mage Zil fut très embarrassé, mais Télendar, lui, se réjouissait de cette déconvenue qu'il trouvait très opportune.

- Allons-y Combattants de Zil, tuons-les, tuons-les tous !!!!

Affrontements

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Alors que la tempête soufflait de plus belle, la forêt des murmures fut le témoin de l'ouverture des hostilités entre les différentes guildes venues jusqu'à la pierre Tombée du ciel. Les Envoyés affrontaient et observaient les traqueurs de Xzia. Chacune des parties jaugeant les forces de l'autre. Jusque là, les traqueurs avaient l'avantage sur leurs opposants. Leur discrétion ne permettait pas aux Sorcelames et au Chevalier Dragon de leur mettre la main dessus. Un évènement inattendu vint alors perturber leur face à face...

Amaya contournait un arbre en même temps qu'elle sortait une lame droite de son fourreau. Elle n'était qu'à quelques pas de Moîra et dans son esprit le tour était joué : elle allait faire une première prise. Alors qu'elle allait bondir sur sa victime, elle sentit un fil au niveau de sa cheville. Le temps qu'elle réalise ce qu'il se passait, il était trop tard. Un filet habilement caché sous des feuilles mortes se referma sur elle. Le bruit avertit alors Moîra.

- Et bien alors, voilà une souris prise au piège !

- Sors-moi d'là, foutue sorcière ! Railla la traqueuse.

- Mais ce n'est pas moi qui vous y ai...

La Sorcelame s'interrompit brusquement en entendant des bruits de pas précipités. Elle se retourna et vit sa sœur foncer vers elle.

- Baisses-toi ! cria-t-elle à sa sœur. Eglantyne plongea au-dessus de sa sœur, la rapière à la main.

Tsuro, observant sa jeune élève, ne pouvait la laisser dans cette situation. Profitant de l'agitation du combat, il fit le tour et grimpa sur l'arbre auquel le filet était attaché. Le vieux traqueur escalada sans bruit les branches et se retrouva nez à nez avec une créature verte qui le regardait avec de grands yeux.

- SSsssSss pas touche vilaine mouche ou gare à ta bouchheee !

Tsuro sauta et mit un violent coup de pied qui fit chuter Granderage qui se réceptionna sans mal sur ses pattes reptiliennes avant de mettre les voiles. Le traqueur coupa la corde tout en effectuant un bond vers le sol, fit une roulade et se retrouva contre Granderage.

- Je ne sais pas qui tu es, mais tu vas avoir de sérieux problèmes.

Granderage ne répliqua pas, car elle préparait un mauvais coup. Elle l'occupait le temps nécessaire pour que Ergue puisse frapper vite et fort. Mais on n'apprenait pas au vieux singe à faire la grimace. Et surtout, Amaya, qui venait de se libérer, sauta sur Granderage au moment même où Ergue passa à l'action. Laissant son plan tomber, car cela ne se passait vraiment pas comme il le souhaitait, le chasseur lança son étrange arme en forme de cercle vers le traqueur qui eut juste le temps d'esquiver l'attaque.

Eglantyne et Moîra se relevèrent. Dans leur chute, elles avaient vraisemblablement atterrit sur quelque chose caché dans un fourré. Des bruits sourds commencèrent alors à s'en échapper. Une énorme créature à la peau bleue en sortit. Soriek s'élança vers les deux soeurs. Eglantyne engagea alors une attaque rapide, mais la créature para les coups de son adversaire. Cependant, arrivant de nulle part, Aez brandit son fléau pour protéger ses alliées et envoya valser Soriek...

Exécution

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Alors que les premiers affrontements avaient lieu, à la frontière entre le Tombeau des Ancêtres, la Draconie et les Sept Royaumes, Dame Jeanne était depuis quelques temps déjà à la tête d'une mission au temple de Precadès. A la fois couvent, auberge et hospice, le temple était en permanence fréquenté par des voyageurs ou par les habitants des environs venus se faire prodiguer des soins ou simplement passer une nuit avant de reprendre la route. En effet, les nones de Précadès étaient reconnues pour leur foi sans faille à leur divinité : la déesse Méra. La jeune femme avait grandi en ces murs, aimée par ses sœurs. Elle suivait la voie qui lui était destinée, venir en aide à son prochain. Elle avait trouvé sa place dans ce monde souvent hostile...

- Jeanne...

La jeune femme était en train de prier dans une petite salle voutée où elle aimait se réfugier de temps à autre. La voix était celle d'une femme. Elle était douce et chaleureuse mais totalement irréelle. Son sang ne fit qu'un tour, la présence qu'elle ressentit lui était déjà très familière, mais jamais Méra n'intervenait directement dans la vie de ses servants. Elle ne bougea plus d'un pouce de peur que la présence ne s'en aille.

- Jeanne... Je suis ton existence avec beaucoup d'intérêt...

Cette révélation serra fort le cœur de la jeune femme, des larmes coulèrent sur ses joues rougies par les émotions. Elle ne pipa mot.

- Jeanne... une épreuve t'attend là où est tombée la pierre. Va ma fille et n'oublie pas que je suis toujours avec toi.

Elle remercia le ciel de cette attention. Mais Dame Jeanne ne s'attendait pas à ce que cette épreuve vienne aussi rapidement...

- Adieu ! la voix du Traquemage était étrange, comme modifiée par le masque qu'il portait.

La pauvre femme passa de l'intense joie d'avoir communié avec sa déesse à la peur du Traquemage, ce dernier s'étant fait une réputation depuis bien des années par ses exécutions sommaires et ses assassinats spectaculaires. Il appuya sur la gâchette, mais le résultat ne fut pas celui attendu. Un mince voile de lumière entoura la silhouette généreuse de Jeanne et le rayon projeté par le pistolet rebondit alors sur la protection et vint percuter l'épaule de l'assaillant.

Les règles du Traquemage était strictes, si jamais une exécution tournait mal, la solution était le repli. Ni une ni deux, il passa au travers d'un vitrail dans un fracas qui attira l'attention des pèlerins présents. La situation empirait pour le Traquemage. Les rares personnes à l'avoir jamais vu étaient soit mortes soit proches de l'être.

- Suis-le, Jeanne !

La voix de Méra résonnait dans sa tête. N'étant pas très agile, elle courut comme elle pu pour sortir du temple. Les personnes présentes comprirent rapidement ce qui venait de se passer car la jeune femme brillait encore du halo divin. Ils lui firent signe et lui montrèrent le chemin qu'avait pris l'assassin. Tout était confus en elle. Des tas de questions lui venaient, mêlés à son excitation et à la peur. La trace était facile à suivre. Il y avait de nombreuses tâches de sang qui la menèrent dans le Tombeau des Ancêtres. Au loin, la tempête provoquée par Marlok déversait sa rage et, hélas pour Dame jeanne, le Traquemage fonçait tout droit dans cette direction.

La blessure de ce dernier semblait plus grave qu'il ne l'avait pensé.

- Je dois trouver l'autre, il m'aidera à arrêter l'hémorragie et dissipera cette maudite théurgie qui me ronge.

Son costume était brûlé au niveau de son épaule droite et une partie de son casque était brisée, laissant échapper une chevelure longue et brune...

Vengeance

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Il n'en fallait pas plus pour que les Envoyés de Noz'Dingard et la Kotoba ne se jettent dans une bataille. La tempête avait servi de prétexte aux deux camps pour s'accuser l'un l'autre. Le campement des Draconiens fut ravagé en peu de temps par la fureur de cette haine ancestrale. Mais, plus la bataille avançait et plus Prophète sentait que cette tempête n'était pas l'œuvre des étrangers de Xzia. La magie employée ressemblait à celle que maniaient certains apprentis de Noz'Dingard. Il décida de mettre fin aux intempéries afin que la magie de Dragon ne soit plus perturbée. La pluie cessa, le vent se tut et l'incontrôlable magie se dissipa.

C'est ce moment précis qui donna l'occasion à Aku de se libérer du sceau qui retenait sa fabuleuse puissance. La fine feuille de papier bloquant la magie d'Aku se déchira et brûla d'un coup. Aussitôt, il convoqua Akujin qui miaula de plaisir en le revoyant. Et pour cause, le Cherchefaille avait l'emprise sur Aku depuis le premier jour où leurs chemins s'étaient croisés.

- Nous voilà libre, lâcha le jeune homme avec soulagement.

- Tu crois ça ?

Aku reconnu immédiatement la voix de son ancien maître. Toran était là devant lui le fixant de ses yeux vengeurs. Il y eut comme un moment hors du temps où maître et élève se jaugeaient, puis Akujin ouvrit les hostilités et força Aku à se joindre à lui pour devenir Akutsaï. Toran attendait ce moment depuis des années. Il allait enfin venger les siens tués par son arrogance et son ignorance. Les tatouages du vieil homme commencèrent à bouger puis sortirent de son corps dans une apparition spectrale. Les deux Tsoutaïs se lancèrent l'un contre l'autre, s'échangeant de puissants coups, se poursuivant au travers du Tombeau des Ancêtres. Mais Akutsaï n'arrivait pas à prendre le dessus sur son maître. Le fait que ce dernier ait deux Cherchefailles faisait de lui un adversaire à sa hauteur. En dehors des traqueurs de Xzia, personne ne l'avait jamais mis en défaut et surtout pas les Tsoutaïs. Akutsaï se cacha dans les ruines même du Tombeau des Ancêtres, une ancienne ville de l'Empire que les affres de la guerre avaient entièrement ravagée. Toran avait tout prévu. Son plan était infaillible et sa vengeance serait implacable. Il avait poussé son ancien élève à le suivre là où il le voulait. Il avait préparé un antique rituel Tsoutaï qui avait servi à vaincre autrefois Akujin. Tout se passa pour le mieux du monde. Il s'était entraîné depuis des années dans l'attente de cette confrontation. Il avait poussé à son paroxysme l'art ancestral des Tsoutaïs. Les meilleurs ennemis se retrouvèrent au centre du village en ruine. La nuit tombait lentement et plusieurs heures s'étaient écoulées. Toran fit croire à son ancien élève qu'il était désormais trop faible et s'agenouilla à quelques mètres de lui.

- Hahahaha ! Le puissant Toran est à mes pieds. Qu'est-ce que cela fait de savoir que tu vas rejoindre tes chers amis ? Te sens-tu libéré ?

Toran plissa les yeux et fixa Akutsaï.

- Libéré ? Oui, bientôt. C'est surtout Aku que je vais libérer.

Alors que la nuit étendait son manteau de noirceur sur le Tombeau des Ancêtres, apparurent autour des deux Tsoutaïs des formes évaporées, pâles comme des fantômes.

- Tu les reconnais ? Ils sont venu pour toi Akujin, ils sont venus me donner la force de réaliser mon vœu le plus cher. Dans ta fureur et ton emprise sur Aku, tu ne fais plus appel à ses connaissances. Regarde le sol.

Akutsaï reconnut effectivement ceux qu'il avait tués quelques années auparavant. Le sol se mit à luire, dessinant des formes complexes. Mas il n'eut pas le temps de se questionner d'avantage. Les deux Cherchefailles plantèrent leurs crocs dans les bras du monstre, un de chaque côté. Toran commença alors le rituel et psalmodia d'antiques prières. La magie immobilisa Akutsaï qui commençait à ressentir une intense douleur. Puis les Cherchefailles tirèrent chacun de leur côté comme s'il voulaient déchirer une feuille de papier. La douleur était trop forte. Il comprit alors ce qu'il se passait. Après quelques minutes, les deux entités étaient de nouveau séparées. Aku tomba au sol, évanoui. Quant à Akujin, il luttait à présent pour se libérer de l'emprise de Toran.

- Akujin, je te bannis de cette terre. Ne pouvant te tuer je vais t'enfermer à jamais. Je brise ainsi l'emprise que tu as sur Aku.

Le vieil homme déroula un parchemin où des milliers de symboles avaient été dessinés. Ces derniers se mirent à émettre une lueur rouge. Akujin disparut, aspiré par le parchemin. Toran s'inclina devant les fantômes qui s'étaient entre temps placés en cercle autour d'eux.

- Merci à vous, vous pouvez enfin reposer en paix, vous êtes vengés.

Le Monstre

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Les combats mettaient à sac la Forêt des Murmures. Ergue et ses acolytes étaient tenus en échec par la coalition de fait de Tsuro, Amaya, Eglantyne et Moîra. Le vent arrachait branches et feuilles, réduisant la visibilité des combattants.

Acculés, les Combattants de Zil ne comptaient plus sur l'effet de surprise mais sur l'étonnante faculté du chasseur. Ergue attrapa une bourse de cuir souple et détacha précipitamment la cordelette usée par le temps. S'en extrait alors une poudre blanche qui au contact de l'air se forma en brume et commença à se répandre comme si elle voulait occuper tout l'espace qu'on lui donnait.

A ce moment-là, le vent se tut et le soleil perça les cimes des arbres de ses rayons. Très vite, la brume monta, gênant la visibilité des traqueurs et des Sorcelames qui cherchaient leurs adversaires. Pendant ce temps, Ergue avait entamé comme une sorte de rituel, une litanie aux sons exotiques. Il était l'un des rares à connaître ce secret gardé par les habitants d'une lointaine île. Des bruits de tambour se firent entendre, d'abord sur un rythme lent, puis de plus en plus rapidement.

Moîra et Eglantyne ressentaient que quelque chose d'anormal se passait. Une magie étrange était à l'oeuvre et cela ne leur plaisait pas. Quant aux traqueurs, dès l'apparition de la brume, ils s'étaient tous deux mis dans une position martiale et faisaient des signes en répétant les mêmes mots dans leur langue natale. Visiblement, eux aussi se doutaient d'une entourloupe de la part de leurs agresseurs. Et ils avaient raison. Ergue, à l'abri des regards ennemis accomplissait une danse particulière. Soriek et Granderage ne bougeaient pas d'un poil alors que le chasseur leur tournait autour. C'est alors que toute la brume se retira tout comme elle était apparue et ceux qui tendaient l'oreille auraient entendu comme des mots dans un dialecte très primitif. Elle se concentra alors autour des Combattants de Zil, les rendant invisibles aux yeux des observateurs extérieurs. Enfin, elle disparut et en lieu et place des trois acolytes, il ne restait plus qu'un monstre, un hybride parfait, colosse immense à la peau parfois verte, parfois bleue, aux griffes tranchantes arborant la corne de Soriek.

- Et maintenant place au spectacle !!! S'exclama la chose d'un mélange de trois voix. Elle bondit, déracinant les jeunes arbres comme s'il s'agissait de simples brindilles. Ses adversaires entendirent les craquements des branches cassées.

- Préparez-vous, ce qui arrive est puissant. Amaya, Kaïdan !

La jeune femme regarda son maître avec étonnement et réagit d'un coup. Un masque de couleur rouge assez effrayant apparut dans sa main. Elle le plaça instinctivement sur son visage avant de disparaître.

Les Sorcelames aussi réagirent prestement. Moîra se plaça devant sa sœur et commença à incanter un enchantement pour son arme. Sa sœur, elle, entama une sorte de prière.

- Ô Dragon, accorde à tes servantes le pouvoir nécessaire pour vaincre. Fait que l'esprit de ma sœur et le mien soient en harmonie.

C'est alors que la créature arriva à leur niveau. Le monstre s'arrêta net devant la petite assemblée.

- HAHAHAHA ! Vous auriez dû fuir pendant que vous le pouviez encore !!! Vous êtes perdus !

- Que tu crois ! S'écria Tsuro. A son tour, un masque apparut dans sa main. Le traqueur s'en équipa et s'élança vers la créature.

Le combat s'engagea, mais cette fois-ci l'intensité était toute autre ! Ce qui était jusque là une simple escarmouche se transforma en véritable bataille où les vies étaient désormais en jeu. Le sang ne tarda pas à couler. L'offensive de l'Abomination était redoutable. Les coups assénés par Tsuro et Moîra semblaient n'être que des piqûres de moustique. Rapidement, le monstre prit le dessus. Moîra, pourtant endurante était à bout de souffle. Tsuro quand à lui déployait tout son art de traqueur, mais hélas sa spécialité était la neutralisation de mages, pas l'affrontement contre les monstres.

Quelques minutes plus tard, les protagonistes étaient au bord de la rupture. Blessés et fatigués leur moral coulait à pic.

- Eglantyne... tu y arrives ???!! Il va nous faire la peau ! Moîra sentit une énergie familière, celle de Dragon. Ses blessures se refermèrent. Sa volonté et son courage de venir à bout de cette abomination furent ravivés. Eglantyne se posta à côté de sa sœur, un dragon de fumée bleue s'entoura autour d'elles. Leurs rapières flamboyèrent d'un feu bleuté et étaient aussi légères qu'une plume. Les demoiselles se jetèrent sur le monstre qui hurla à chaque estafilade.

De son côté, Amaya aussi avait fini sa préparation. Elle avait gravé des symboles traqueur sur les arbres des alentours. Elle fit signe à son maître et ce dernier se mit en position d'attaque. Un idéogramme dans un cercle apparut sur le sol au-dessous de lui. Le symbole palpita quelques secondes et disparut d'un coup. Le vieil homme frappa l'abomination avec une vitesse incroyable. Chaque coup porté fit mouche. Le monstre attrapa Eglantyne par le pied, la souleva pour la jeter sur le traqueur qui esquiva. Folle de rage, Moîra enfonça la lame de son épée dans le dos du monstre qui hurla de douleur. Tsuro en profita alors pour utiliser une technique particulière héritée des grands maîtres de sa famille. Il toucha plusieurs points névralgiques en priant que cette créature soit constituée comme un humain classique. Et, par miracle, cela fonctionna. L'abomination tomba raide au sol, une brume blanche s'échappa d'elle et réapparurent en lieu et place les trois Combattants de Zil...

La mort de Prophète - Chapitre 1

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La nuit avait recouvert le Tombeau des Ancêtres de son manteau de ténèbres. Les Envoyés de Noz'Dingard et la Kotoba s'étaient retranchés chacun de leur côté. L'art ancestral du maniement des armes faisait jeu égal avec la magie. Les combats avaient duré toute la journée. A présent, le calme revenait sur la région. Ou presque. Car dans l'ombre des plans s'ourdissaient...

Les mots raisonnaient dans la tête de Télendar et de ses acolytes. L'ordre était simple : tuer Prophète. L'homme mystérieux ne les avait pas choisi par hasard, sélectionnant des êtres sans remords, spécialistes de l'assassinat et des coups fourbes. Le chef des Combattants de Zil avait tué à de nombreuses reprises, prenant un plaisir non dissimulé à chaque fois.

Cette fois le plan était simple : diviser pour mieux frapper. La première partie avait fonctionné avec succès. Ergue, Soriek et Granderage avaient été envoyés pour créer une diversion. Pendant ce temps, Télendar en avait profité pour analyser ses ennemis et connaître toutes leurs faiblesses. La Kotoba ne serait pas un danger si loin du lieu du crime, Gakyusha préférant monter un camp de l'autre côté de la pierre tombée du ciel.

- Ma chérie, on va bien s'amuser. L'enthousiasme de Silène fit sourire sa sœur.

- J'espère bien, on s'ennuie un peu depuis que nous sommes arrivés. Télendar nous a promis de l'action.

Le jeune homme se gratta l'arrière de la tête.

- Ah ? J'ai dit ça moi.... Oui, vous avez raison. Si tout se passe selon mes plans, ce soir va être un grand soir pour les Combattants de Zil. Nous allons montrer à tous qui nous sommes et que nous valons bien mieux que ces fausses guildes ! N'oubliez pas, vous devez les attirer le plus loin possible le temps que j'accomplisse ma tâche. Marlok ne devrait pas tarder à lancer son offensive.

Les deux Guémélites répondirent en cœur un « Oui chef ! » des plus joyeux. Aussitôt Télendar disparut dans des volutes de fumée. Les sœurs, quant à elles, se mirent à courir en direction du camp des Envoyés.

Ces derniers s'étaient retranchés dans ce qui restait de leur campement, en partie mis à mal par la tempête. Les voiles des tentes claquaient au vent et la plus part de leurs affaires étaient éparpillées dans la boue.

Le jeune Pilkim commençait déjà à ramasser ses précieux rouleaux. Bien qu'admis dans cette guilde depuis peu grâce à ses facultés magiques incroyables, il n'en restait pas moins un jeune étudiant et cette jeunesse était pour lui une faiblesse. Il suivit les parchemins qui s'étaient envolés en dehors du camps. Il n'était pas vraiment attentif à ce qu'il se passait autour de lui, perdu dans ses pensées. Il finit par ce cogner dans un rocher.

- Aïïeuuhh ! Lâcha-t-il, surpris. Qui m'a mis un truc...

Il s'arrêta net lorsqu'il vit de quoi il s'agissait vraiment. Un énorme golem de cristal vieux et sale.

- Waouu ! S'extasia Pilkim ! Un golem... de cristal...

Le jeune garçon se mit tout de suite en garde, sentant que quelque chose clochait. Et pour cause. Une personne arrivait dans son dos.

- Salut petit, t'es perdu ?

Pilkim se retourna pour faire face à celui dont la réputation n'était plus à faire : Marlok, le traitre. Immédiatement le jeune mage lança un sortilège de rempart de glace pour faire barrage à Marlok et à son golem et, ce, avant de s'enfuir sans attendre son reste.

Il cria suffisamment fort en gesticulant pour que tous les Envoyés l'entendent.

- AAAAHHH Y A MARLLOOOOKKKK !!!

C'est à ce moment précis que Silène et Sélène attaquèrent à la surprise générale, suivies de prêt par Marlok et son golem. L'effet attendu eu lieu, un chaos total régnait sur le campement ! La rage des sœurs et la puissance du mage exilé désorganisa les troupes draconiennes. Anryéna repéra très vite son ancien apprenti et prit sur elle de le remettre à sa place. Le mage Zil voyant la descendance de Dragon arriver vers lui recula doucement, gardant en tête que le but était de les éloigner de la cible.

De leur côté, les sœurs étaient aux prises avec Aerouant, Alishk et Pilkim. Les sortilèges fusaient de toutes parts sans parvenir à toucher les Guémélites, habituées à affronter des mages. Ils dévastèrent le campement qu'ils venaient juste de remettre en ordre, en ajoutant cette fois des flammes ravageuses. Après quelques échanges, les mages de Noz'Dingard s'organisèrent et prirent le dessus. C'est à la faveur de la nuit que Silène et Sélène choisirent de mettre un peu de piment dans le combat. Depuis toujours, ces deux-là avaient la faculté de se transformer en une seule créature : Ombreuse. La surprise fut de taille tant la créature surprenait par sa dimension et sa formidable apparence. Elle ressemblait à un serpent d'ombre au buste de femme et à quatre bras.

Le chef des Zil, quant à lui, s'était approché de sa proie au moment de l'attaque. Avec dextérité il lui griffa le dos, non pas pour le blesser mais pour attirer son attention. Une fois le coup donné, l'assassin Zil recula de façon à attirer Prophète dans ses filets.

- Évidemment, les charognards ne sont pas loin ! Je reconnais bien là la bassesse des Zil !

Le maraudeur ne répondit que par une attaque rapide puis un recul. Cela énerva un tant soit peu le mage Noz qui commença à incanter de puissants sortilèges. Mais Télendar ne se laissa pas avoir et esquiva à chaque fois, faisant toujours face à son adversaire. Ce petit manège dura le temps nécessaire à la mise en place du traquenard. C'est dans un endroit presque clos que se passa l'un des drames qui allait changer à jamais le destin des Combattants de Zil et des Envoyés de Noz'dingard.

- Tu es fait, comme le rat que tu es ! Jeta Prophète satisfait de sa prise.

- Tu crois ?? Le sang de Dragon coule en toi et te remplit d'orgueil...

La voix provenait de quelqu'un surplombant la scène, habillé de noir.

- Toi ! Cria le mage avec rage, je croyais les gens de ton espèce disparus à jamais.

- Il ne faut jamais dire jamais...

L'inconnu laissa tomber une gemme et Télendar la ramassa rapidement. Prophète ouvrit de gros yeux à la vue de cette chose.

- Je vois que tu as compris, demi-dragon, que pour toi la mort est la seule issue.

Télendar frappa de toute ses forces. Prophète riposta avec ses plus puissants sortilèges d'éclairs mais la pierre autour du cou de son adversaire le protégeait. Vint alors le moment fatidique où les griffes du maraudeur se plongèrent dans le poitrine du mage. Le sang coula...

La mort de prophète - Chapitre 2

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Sous le regard de l'Inconnu, Télendar jeta le corps de Prophète au sol et l'acheva en lui plantant une griffe dans la gorge. Ainsi périt Prophète.

- Tu fus autrefois un adversaire plus vaillant que cela, se vanta l'Inconnu.

Le Dragon sentit la rupture soudaine entre son Prophète et lui, le blessant profondément. Tous les Envoyés de Noz'Dingard surent que quelque chose de grave venait de se passer. La pensée semi-collective avertit tout le monde de la disparition de leur dirigeant. Anryéna fut la première à réagir. Son premier sentiment ne fut pas la tristesse, mais la colère.

- Qu'avez vous fait maudits Zil !!!???, hurla-t'elle avec rage. Qu'avez vous fait !!!??

Son apparence changea. Ses traits humains devinrent reptiliens. Des ailes percèrent ses vêtements en haut de son dos. Aussitôt, Kounok se transforma en un draconoïde de grande taille, lui aussi dans une rage non feinte.

- Vous allez payer !, cracha-t'il avant de se jeter sur Ombreuse, aidé de Pilkim dont les larmes coulaient sans qu'il n'ait pu les retenir.

Aerouant mit un certain temps avant de se ressaisir. Outre le lien filial, il était lié à son père car lui ressemblant énormément. C'était lui qui l'avait initié à la magie de Dragon et à la cristalomantie dans laquelle il excellait. Son cœur se serra lorsqu'après un rapide coup d'œil autour de lui il ne vit pas Prophète. Tout cela n'était pas un rêve. Et là, à son tour, il explosa. Faisant appel à toute la magie qui l’imprégnait, il souhaita être auprès de son père. La voix ancestrale de Dragon résonna dans sa tête : « Exaucé ».

Instantanément, il se retrouva sur le lieu du crime. Prophète gisait là sans vie. Il serra alors son père dans ses bras avec tout l'amour qu'il avait pour lui. Il ne retint pas se larmes.

- Mais qui voilà, le fils fils à son papa, ricana Télendar.

- Débarrasse-nous de ce gêneur, ordonna l'Inconnu.

Le jeune homme ne répondit pas et fixa l'assassin. Il laissa éclater sa colère dans un attaque fulgurante. Des cristaux apparurent sur les poings du mage, puis une armure protégea son corps. Télendar fut très surpris de cela. La pierre-cœur noircie ne le protégeait que des sortilèges qu'on lui lançait. Ce mage de Noz'Dingard était bien différent de Prophète. De son côté, Aerouant n'avait plus qu'une seule chose en tête : faire mordre la poussière à cette ignoble créature. Mais le bougre savait se battre et il n'avait pas l'avantage. Le jeune homme vit alors la pierre accrochée à la cordelette autour du coup de Télendar, et tout s'éclaira. Une pierre-coeur noircie ! Il n'en avait jamais vu, mais grâce à ses talent de cristalomancien, il pouvait faire quelque chose. Il fit appel à la puissance des lieux. Alors des cristaux effilés et gigantesques sortirent du sol dans un tremblement sourd. Télendar savait que son adversaire préparait quelque chose contre lequel il ne pourrait probablement rien. L'Inconnu qui observait jusque là perdit son sourire moqueur et laissa place à une moue d'inquiétude.

Aerouant était un spécialiste des cristaux et des pierres-cœur. Celle de Télendar était visiblement corrompue et il fallait la lui retirer. La barrière de protection cristalline protégeait Aerouant. Il capta la magie contenue dans les cristaux qui se désagrégèrent puis se concentra sur la pierre-cœur noircie. Le chef des Zil hurla de douleur tenant la pierre comme s'il s'agissait effectivement de son cœur.

- Je vais te libérer de l'emprise de l'insidieux et tu paieras pour ton meurtre !

L'Inconnu s'élança vers Télendar et lui arracha la pierre-cœur des mains. D'un revers de sa main libre, il incanta rapidement un puisant sortilège d'ombre les plongeant dans d'impénétrables ténèbres. Peu de temps après, l'ombre se dispersa. Hélas pour Aerouant, ses adversaires n'étaient plus là.

- Lâches, les Envoyés vous retrouveront où que vous soyez !!!

Les ennemis partis, la colère céda la place à la tristesse. Anryéna, qui venait d'arriver après s'être défoulée sur Ombreuse, était penchée sur le corps de son enfant et lui caressa amoureusement la tête.

- Je te ramène auprès de Dragon mon enfant, ton esprit et ton corps ne feront qu'un avec lui. Aerouant, le temps qu'un nouveau Prophète ne s'annonce, tu prends la tête des Envoyés.

Un halo de lumière bleue se propagea autour d'eux, puis ils disparurent, laissant les Envoyés de Noz'Dingard sans chef et un Aerouant rongé par la tristesse, la colère et le doute.

Au loin, Tsuro et Amaya avaient discrètement suivi toute la scène et firent leur rapport au Seigneur impérial.

- Seigneur, le chef des Envoyés de Noz'Dingard est mort, assassiné par un félon Zil.

Gakyusha but une gorgée d'un alcool xziarite et sembla songeur.

- Les Envoyés n'ont plus de chef, nous pouvons considérer que la pierre est à nous. Mais cela m'attriste que Prophète soit mort ainsi, par traitrise. Honorons sa mémoire car c'était un adversaire des plus valeureux.

Chronique du Roi

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Je suis Aez, autrefois j'étais le prince d'Avalonie, aujourd'hui je suis roi. Mais, durant un temps, j'ai erré comme une âme en peine, en proie à une soif infinie de vengeance.

Comme je vous le disais, je suis né premier fils de Mirion et j'étais destiné à lui succéder le moment venu. Hélas, un tragique événement m'empêcha d'accéder au trône. Il y a quelques années, comme tous les princes des 7 royaumes, je me devais de séjourner pour 2 ans dans une des familles royales. J'avais choisi de faire cet apprentissage chez les Valdoria avec qui nous entretenions d'excellents rapports. Nos parents respectifs m'avaient d'ailleurs promis à Myrie, leur fille cadette. Rien ne pouvait aller mieux que cela. Je faisais pratiquement partie de leur famille et les connaissances acquises étaient précieuses pour mon futur règne.

Mais vint un funeste jour. Alors que je m'entrainais dans la cour du château, un messager arriva au galop. Il portait les armoiries de ma famille. Celui-ci portait une cape noire, signe de deuil. Etait-il arrivé quelque chose dans mon royaume ? Le brave homme ne me remarqua pas et fonça directement vers la salle du trône.

Peu de temps après, Myrie arriva en courant vers moi, les larmes aux yeux.

- Aez... Le roi d'Avalonie... ton père.

Elle s'arrêta, tombant en sanglots.

- Et bien ? Parle ! Qu'y-a-t'il ?, lui dis-je le cœur tambourinant.

- Il a rejoint tes ancêtres...

Ce fut là comme un coup de poignard en plein torse.

Je partis immédiatement en Avalonie afin d'en apprendre plus sur toute cette histoire. Ma mère m'accueillit l'air grave et au combien triste. On m'informa donc que mon père, recevant des Xziarites de passage en notre demeure, aurait soi-disant injurié l'Empereur en personne. Il y aurait alors eu un combat entre lui et un jeune guerrier. Ce dernier l'aurait vaincu et mon père de son grand âge n'y aurait pas survécu. Et pour cause, le vainqueur aurait réclamé l'épée des 5 ancêtres comme présent du perdant au vainqueur. Les Xziarites seraient repartis dans la foulée emportant la précieuse lame.

En effet, la coutume voulait que pour devenir roi d'Avalonie il fallait brandir cette épée. L'épée des 5 ancêtres fut forgée il y a plus de deux cent ans par le premier de nos rois. Sans elle, impossible d'accomplir mon destin. Je devais donc me lancer dans une quête pour la reconquérir. Je laissais les rênes du pouvoir à ma mère qui devint régente. Je partis alors à travers le monde à la recherche de ce qui me revenait de droit.

Trois longues années passèrent, trois années de vagabondage et de pistes ne menant qu'à des chemins sans issue. Qui étaient donc ces Xziarites ? J'ai traversé une bonne partie de l'Empire sans que nul n'ait jamais vu l'épée des 5 ancêtres. C'est lorsque je quittai l'Empire que la pierre tombée du ciel s'écrasa non loin de là.

Là-bas, un conflit semblait avoir éclaté entre plusieurs guildes. Je n'avais jamais trop prêté attention à ces groupes jusqu'à ce jour. Mais, est-ce par chance ou qu'enfin il était temps pour moi de prendre ma revanche, je trouvais enfin le voleur d'épée. Mais ce n'était qu'un jeune homme d'une quinzaine d'années. Comment avait-il réussi à défaire mon père ? Je l'observai quelques jours et je compris. Son talent dans l'art de manier les armes étaient impressionnant. Moi-même je n'aurais pu le battre ! Le destin s'acharnait-il sur moi que je ne puisse être à la hauteur de ce Iro ! En plus, il n'était pas seul. Il était entouré de guerriers qui, ma foi, semblaient aussi redoutables les uns que les autres. Néanmoins, n'étant pas un couard, je me présentai à leur chef et je défiai cet Iro. Mais le combat tourna court, j'étais trop lent et trop lourd dans cette armure, mon fléau ne fit que le frôler. Je ne vous raconterai pas cette honteuse défaite.

J'étais désespéré, Avalonie allait devenir à son tour une terre ouverte au Grand Tournoi. C'est alors que j'ai rencontré un individu qui me permit de devenir ce que je suis aujourd'hui. Je me souviendrai toujours de cette conversation.

- Il y a un temps pour tout. Un temps pour la tristesse, un temps pour agir et un temps pour la vengeance.

C'était un étrange petit monsieur, assit sur un drôle d'engin flottant au dessus du sol.

- Qui êtes-vous ?, lui dis je. Vous ne voyez pas que vous m'importunez.

- Si, je le vois. Et je sais ce qui vous chagrine et comment faire en sorte que votre honneur soit rétabli.

A ces paroles, il ajouta le geste en me tendant un objet rond avec des aiguilles.

- Qu'est-ce ?

- Ceci te permettra d'obtenir ce que tu veux. Il va te falloir être malin et bien réfléchir à ce que tu vas faire. Exploite les faiblesses de ton ennemi.

- Pourquoi faites-vous cela pour moi ? On ne se connait pas.

- Je sais bien. Disons que nous ne nous connaissons pas encore. Enfin bref ! En échange de cela, un jour je viendrai te demander quelque chose de très important. Tu te souviendras de la dette que tu as pour moi et tu accepteras.

Tout cela était bien énigmatique. J'en avais vu des choses particulières, mais celle-là dépassait tout. On m'offrait l'occasion de faire mes preuves. J'acceptai.

Aussitôt, les aiguilles de cet objet se mirent à tourner à vive allure et tout se brouilla autour de moi. Je perdis rapidement connaissance. Lorsque je revins à moi, je n'étais plus au même endroit, mais à ma grande surprise dans une grande cité Xziarite qui s'avérait être Méragi la capitale impériale. Pourquoi m'avoir envoyé ici ? Certes, mon adversaire venait de cet endroit, mais il était à des lieues d'ici. Je vis alors un attroupement de personnes qui semblaient fêter quelque chose. Je me renseignai à ce sujet. Il s'agissait du passage de Iro, le champion de l'Empereur, qui venait encore une fois de vaincre un grand combattant. Je cherchai du regard afin de voir s'il s'agissait bien du même Iro et, effectivement, c'était bien lui. Mais son apparence avait bien changé. Il était désormais bien plus vieux que moi. Impossible !

J'essayai de comprendre la situation. J'étais donc à Méragi, probablement dans le futur. Et maintenant, que devais-je faire ? Je me renseignai alors sur cet Iro, car au final je ne savais rien de lui et les renseignements que j'obtins de la population me permirent de préparer ma revanche.

Quelques jours plus tard, j'avais enfin un plan. Je me rendis donc au palais impérial et m'arrêtai devant les gardes.

- Moi, Aez prince d'Avalonie, lance un défi à Iro, champion de sa majesté l'Empereur de Xzia.

Les gardes furent surpris. Puis l'un d'eux s'en alla prévenir qui de droit. Un peu plus tard, un homme, visiblement un servant, vint me chercher pour m'amener dans une grande pièce que je reconnus comme la salle du trône. Je remarquai cependant un fait particulier. Il y avait accroché aux murs de très nombreuses armes, principalement des épées. Mon cœur s’arrêta un instant en voyant la lame de mes ancêtres. Là, au milieu, m'attendait Iro. Nous étions entouré des gens de la cour médisant sur mon compte, me condamnant à une défaite rapide. Visiblement, il ne me reconnaissait pas, à mon avantage.

- J'accepte ton défi, étranger, et j'offrirais cette victoire à l'Empereur. Tout cela devrait être terminé assez rapidement, dit-il avec un sourire qui en disait long. Autour de lui les gens riaient. Puisque je suis le défié, je choisis la lame comme arme pour ce duel.

- N'ayant pas d'épée, puis je me permettre d'en choisir une parmi celles-ci, lui dis-je en montrant les murs.

- Soit, mais elles ne te feront pas gagner, ces lames sont celles de ceux qui ont perdu contre moi.

Nous y étions, sans plus attendre, j'allai chercher l'épée des 5 ancêtres. Le fait de la tenir fut pour moi un bonheur immense. Les ancêtres étaient là, ils m'attendaient. "Venge-toi", chuchotaient-ils. "Venge-moi, mon fils !" Cette voix-là, je ne l'avais plus entendue depuis bien des années.

Galvanisés et confiants, nous allions pouvoir donner du spectacle à ces braves gens. Iro, de son côté, se battrait sans aucune armure, juste avec deux sabres. Il s'élança avec dextérité, mais cette fois-ci la situation était différente. Je connaissais certains de ses coups et, surtout, j'avais l'épée. Je parai ses coups. J'étais un roc imperturbable. De son côté, mes quelques assauts étaient évités.

- Eh bien voilà un adversaire à ma mesure !

Il changea alors de position et plaça ses sabres de façon parallèle. Un vers moi et pointant le deuxième dans l'autre direction. Une technique de combat ! Je serrai alors mon épée avec force en murmurant des prières à mes ancêtres. La lame commença à émettre une lueur verte, puis en jaillirent des éclairs de la même couleur. Iro me fonça dessus, et à mon tour je m'élançai, criant avec toute la rage que j'avais contenue jusque-là. Une grande lumière verte aveugla tout le monde et lorsque nos yeux se furent remis, Iro était à terre. J'avais gagné. Mon bouclier était coupé en deux. Mais, un de ses sabres était brisé.

Je me tournai vers lui et lui dit ceci :

- Je suis Aez, roi d'Avalonie, et tu vivras à tout jamais avec la honte de cette défaite.

Le Sceau

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Autre temps, autre lieu.

Le roi Gaumatta avait trépassé, laissant Yses dans le chaos d'un Grand Tournoi. A quelques lieues de la capitale, Guedenot rentrait d'une tournée des marchés de la région pour vendre le peu de récoltes qui lui restait après les différentes taxes. Chemin faisant, au détour du bois de Moshat, le marchand entendit du bruit dans sa carriole. Il découvrit deux créatures habillées de haillons, aussi faméliques l'une que l'autre. Le marchand, considéré comme quelqu'un de très dur en affaire, n'avait jamais laissé quelqu'un dans le besoin, qu'il soit humain ou non, et humains, ces deux là ne l'étaient pas.

- Et bien que voilà ? Guedenot s'approcha pour mieux voir de quoi il retournait. Ça alors, des créatures de la forêt, on en voit rarement par ici. Approchez que je vous vois mieux.

Bien qu'apeurées, les deux créatures se découvrirent plus, laissant leurs traits se dessiner au soleil faiblard de l'automne.

- Bon sang, vous êtes deux petits épouvantails. Vous avez quel age ? Vous venez d'où ? Vous me comprenez au moins ?

Le plus gros des deux était un hom'chai au regard craintif, quand à l'autre il s'agissait d'une elfine, plus petite que son compagnon, elle avait de long cheveux et serrait quelque chose entre ses frêles petites mains.

- Bon je vais vous ramener chez moi, je peux pas vous laisser ainsi. Cachez-vous là dessous, dit-il en montrant une couverture.

Ils ne demandèrent pas leur reste et se faufilèrent pour n'être plus que deux bosses sous la laine. Le marchand parcourut les quelques lieues le séparant de son village en pensant à ce qui allait advenir de ces deux voyageurs. Dans cette partie du royaume les superstitions étaient légion et le racisme envers tout ce qui était non humain très fort. En arrivant, la nuit tombait sur la quinzaine d'habitations qui composaient le village d'Herberonde. Niché au creux d'une forêt, les habitants étaient pour la plupart des bucherons ou des récolteurs de Sèvemiel. Tout ce qui venait de l'extérieur était perçu avec appréhension de crainte de voir arriver des malheurs dans la petite communauté.

Guedenot plaça sa carriole de façon à faire rentrer les enfants dans la grange sans que quiconque ne puisse les voir. Il les cacha entre deux ballots de paille.

- Ne bougez pas de là, je reviens, vous avez compris ? Ne sortez surtout pas.

Les enfants se blottirent l'un contre l'autre, jetant des coups d'œil sur leur nouvel environnement. Le marchand alla jusqu'à sa maison où son épouse et ses deux enfants attendaient impatiemment son retour. Il fut accueilli comme il se devait après plusieurs semaines d'absence par la joie des retrouvailles. Il expliqua ensuite sa rencontre avec ses passagers clandestins et annonça qu'il souhaitait leur venir en aide.

- Mais tu n'y penses pas ! Tu te rends compte des risques que cela comporte ??

- Bien sur que je sais, mais se sont des enfants, Mewëen, des enfants ! Tu veux les abandonner à leur sort ?

La femme de Guedenot hésita un long instant, puis se retourna brusquement pour se rendre à la cheminée. Elle plongea son regard dans les flammes crépitantes en songeant que oui, elle ne pouvait laisser des enfants ainsi, fussent-ils non humains.

- Très bien, allons voir à quoi ressemble nos invités.

Depuis ce jour là les deux Eltarites, car c'est ainsi qu'étaient nommées les créatures des forêts devinrent les nouveaux membres de la famille de Guedenot. Les habitants du village bien que très craintifs au départ furent vite pris d'affection, et le temps poursuivit son interminable course...



Quelques années plus tard.

La constitution des hom'chaïs et des elfines était incroyable. Les deux enfants grandirent à une vitesse fantastique atteignant pour l'elfine la taille d'une adolescente, et l'hom'chaï dépassait déjà la plus part des plus robustes bucherons. C'est tout naturellement d'ailleurs qu'il avait trouvé une utilité dans ce métier là. A cette époque là on les appelait Elaine et Gaherhis, deux prénoms typiques de cette région d'Yses. Ils avaient appris les us et coutumes et la langue pour s'intégrer au mieux mais certaines personnes semblaient ne jamais vouloir les approcher ou leur parler. Mais cela ne les gênait pas, ils avaient compris qu'ils n'étaient de toute façon, pas chez eux, et ne le seraient probablement jamais.

Un beau matin de printemps, alors que des festivités étaient préparées en l'honneur d'un mariage, un homme important arriva avec deux chevaliers. Il s'agissait du seigneur de ces terres, qui de temps à autres inspectait ses villages. C'est le hasard qui l'amenait là, c'est ce même hasard qui le fit rencontrer les deux adoptés. La réaction fut immédiate. Le seigneur devint furieux que ses villageois ne l'ai pas prévenu et voulut châtier le chef de village et Guedenot. Elaine et Gaherhis s'interposèrent, les chevaliers réagirent vite et molestèrent les Eltarites. L'hom'chaï fut gravement blessé au visage, l'elfine se mise en colère et tua le fautif avec son étrange lame d'ambre. Cet objet particulier avait grandi en même temps qu'elle et ce qui n'était qu'un simple couteau à son arrivée, ressemblait maintenant à une belle épée courbe. Au contact du sang de son adversaire, la lame se teinta de rouge à son grand étonnement.

Tout cela tourna très vite en cohue générale, Elaine avec l'aide de Mewëen trainèrent Gaherhis en dehors du village pour panser ses plaies. Hélas pour lui, il garderait de profondes entailles pour le reste de sa vie. Au cœur de la forêt, le hasard frappa encore à la porte des Eltarites. A deux lieues des évènements tragiques une petite troupe de saltimbanques s'était installée là. Mewëen les implora de prendre soin d'eux car désormais, ils ne pouvaient plus résider au village.

C'est ainsi qu'ils rejoignirent les combattants de Zil.



Aujourd'hui.

Après la venue de l'Inconnu, les deux compagnons avaient suivi les autres combattants de Zil. De leur nature d'Eltarite ils résistaient mieux à la folie qui emportait les Zil. Peu avant leur arrivée au Tombeau des ancêtres ils décidèrent de se séparer du groupe et de faire un crochet par la grande forêt au nord. C'était l'un des rares endroits non visités jusque là et les légendes racontaient que des créatures de la forêt y vivraient.

Abyssien les avait pourtant prévenu que la recherche des leurs pouvaient les mener à des déceptions. Grandir dans la société des hommes les avait plongé dans une culture très différente de celle qui aurait dû être la leur.

La nuit tombait sur leur campement de fortune, au loin la lumière émise par la pierre Tombée du ciel éclairait faiblement les nuages bas. Sangrépée et Sanvisage étaient perdus dans leurs pensées, les yeux dans le vague. Le silence fut coupé par un raclement de gorge. Les deux Zil sursautèrent.

- Je... je suis désolée de vous déranger. Je suis un peu perdue...

Sangrépée examina l'arrivante qui avait un aspect assez étrange et surtout le blanc de ses yeux ne trompaient pas, elle était aveugle.

- Puis-je m'installer avec vous et bénéficier de votre présence pour cette nuit ?

Cette rencontre avait quelque chose d'irréel, Sangrépée se demandait comment cette personne était arrivée jusque là, seule et aveugle.

- Et vous avez raison de vous poser de telles questions. Il est vrai que lors de notre dernière rencontre vous étiez très jeune.

- De quoi parlez-vous, rugit Sansvisage, qu'est-ce que vous connaissez de nous ??

- Je connais tout de vous, je sais qui vous êtes, je connais votre histoire.

Sangrépée sorti alors sa lame.

- Alors vous savez que vous allez devoir tout nous dire !

La jeune femme aux cheveux blancs repoussa la lame avec son ombrelle.

- Oui, ne vous en faites pas, je vais vous dire. Dit-elle avec un large sourire. Mais laissez moi m'installer.

- Quel est votre nom ?

- Un nom ? Et bien ici on m'appelle l'Apôtre. Je trouve pas ça très féminin, mais je m'en accommode.

Ce nom ne leur disait rien du tout. Elle s'installa prêt du feu, attendant visiblement qu'on lui pose des questions.

- Qui sommes-nous ?

- Vous êtes les perdus, deux enfants qui ont une destinée importante dans l'histoire de ce monde. Vous descendez d'un peuple secret qui habite cette forêt dit-elle en montrant la direction de leur destination. Mais pour retrouver les votre, il vous faudra d'abord trouver comment rentrer sur le territoire Eltarite.

- Vous avez dit que vous nous avez déjà croisé avant. Dites-nous en plus.

- Je vois que vous êtes vive d'esprit, oui je vous ai croisé, c'est moi qui vous ai placé sur la route de Guedenot, vous vous souvenez de lui ?

- Bien sur que oui !! S'exclama Sansvisage de sa forte voix enrouée.

- Pourquoi ne pas nous avoir recueilli ou ramené chez les nôtres ?

- Et être élevés par une aveugle ? Allons, je ne pouvais pas.

- Admettons. Donc vous nous parliez des nôtres, vous pouvez nous dire comment rentrer chez nous.

- A vrai dire je pourrais, mais je ne sais pas s'ils souhaiteraient vraiment vous voir revenir, vous êtes très différents des "vrais" Eltarite.

- Il faut savoir, vous nous dites : je vous dirais tout, alors allez-y, de quoi s'agit-il.

L'Apotre marqua un moment de réflexion.

- L'entrée de la forêt est une porte qui en fait se trouve juste à côté d'ici. Personne n'y fait jamais attention car la plus part des gens n'y voient qu'un mur végétal. Seul des gens comme vous peuvent la voir telle qu'elle est réellement et surtout, l'ouvrir.

- Et bien qu'attendons-nous pour y aller ? S'encouragea Sangrépée. Prend tes affaires Sanvisage, nous partons retrouver les nôtres.

Et voilà les deux Zil partis, avec l'espoir de revoir leurs semblables.

- Merci de nous avoir aidé cria l'elfine qui s'éloignait déjà. Mais par où est-ce exactement ?

- Suivez votre instinct ! Vous trouverez !

Une fois ses hôtes partis l'Apôtre se retrouva seule devant le feu. Une larme perla sur sa joue.

- Pourquoi m'obliges-tu à leur mentir ? Comment veux-tu que je les ramène vers la lumière si je ne leur apporte que mensonge et déception ? Ce que je viens de faire va changer à tout jamais le destin des habitants de ce continent.

Sanvisage et Sangrépée marchèrent une bonne heure dans la noirceur de la nuit, cela faisait longtemps qu'ils n'avaient pas ressenti une telle joie. De longues années de recherches enfin récompensées.Enfin ils arrivèrent devant la porte, immense et majestueuse. Des glyphes descendaient verticalement sur chacun des deux battants qui la composait. A l'approche des Eltarites, les inscriptions se mirent à luire. Instinctivement Sangrépée et Sanvisage se placèrent chacun devant une des lignes de glyphes. Ensemble il posèrent une main sur la première d'entre elles. Un bruit sourd se fit entendre, comme une sorte de "crac", puis la porte s'ébranla...

Les glyphes cessèrent de briller, la porte de l'Infini était ouverte. Elle ne donnait pas sur la forêt, mais sur autre chose. Sangrépée et Sanvisage comprirent vite qu'il ne s'agissait nullement d'une porte vers chez eux...

L'Appel

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La Pierre fendait le ciel à vive allure, sa course effrénée devait se terminer dans le Désert d'Émeraude. Mais tel ne fut pas le cas. Elle vint s'écraser au beau milieu du continent, dans un endroit dit neutre, où de grandes batailles avaient eu lieu autrefois : le Tombeau des Ancêtres. La gemme aussi grande qu'une maison attira l'attention des nations aux alentours. Leurs chefs pensaient tous qu'un grand pouvoir serait accordé à ceux qui en auraient le contrôle. Les premiers affrontements avaient entrainé la mort de Prophète, la trahison de Télendar et la victoire toute relative de la Kotoba...

Le campement des Xziarite était calme. La veille, les membres de la guilde fêtèrent leur "victoire" et l'adieu à un ennemi valeureux : Prophète. Le soleil brillait avec une rare intensité, pas un nuage ne venait tacher le ciel bleu. Asajiro, qui était de garde, surveillait les alentours avec tout le zèle dont il savait faire preuve. Il s'éloigna des ronflements de ses compatriotes, intrigué par cette fameuse Pierre tombée du ciel qui attirait l'attention de beaucoup de monde. Il s'en approcha plus qu'il n'aurait dû. Un énorme rayon de soleil frappa la pierre, aveuglant l'officier impérial par la même occasion. Lorsque cela se produisit, Alishk, alors en méditation, n'en crut pas ses yeux. Le rayon avait frappé la pierre avec une puissance inouïe, mais il ne voyait en cela aucune magie. Il n'avait rien ressenti de tel. Rapidement, il réveilla les autres Envoyés. Aerouant ne dormait pas, incapable d'oublier le malheur qu'il venait de vivre. Lui aussi pressentait quelque chose "d'anormal".

- Tout cela ne me dit rien qui vaille, chuchota le mage du désert.

- Je suis d'accord. A quoi va-t-on être confronté cette fois ?

De son côté, Kryss, qui nettoyait son orgue, resta planté la bouche ouverte en voyant le rayon. Abyssien, qui était à côté de lui, secoua l'épaule de son camarade Zil.

- Et beh ? Ça va pas ? Qu'est-ce que t'as ?

Mais pour toute réponse le musicien montra la pierre tombée du ciel en marmonnant des gargarismes incompréhensibles.

Nassaafaraa oukt naass oukt nassaaafaraaa...

- Entends-tu cette voix Aryhpas ? Elle est très claire et douce.

Saphyra était une jeune femme qui parcourait le monde à la recherche de connaissances sur les différentes croyances existantes. Elle avait entendu parler du culte de Méra et du temple de Précadès et s'y était donc rendue.

- Nan, z'entend rien moua. Quess ça te dit ?

La créature qui venait de parler n'était autre qu'une poupée de porcelaine dont elle en se séparait jamais. Etait-elle vivante ? Elle était persuadée que oui.

- Elle appelle des gens dans un langage bizarre, mais j'en saisis le sens. Des gens vont venir pas loin d'ici. Allons-y vite. Je veux voir qui sont ces personnes.

Nassaafaraa oukt naass oukt nassaaafaraaa...

A des lieues et des lieues de là était le désert d'Émeraude. Ici nul arbre mais du sable à perte de vue d'où jaillissent d'immenses cristaux couleur émeraude. Malgré cela, une civilisation a réussi à dominer l'environnement hostile. Mineptha est la capitale de ce peuple qui, lorsqu'il n'habite pas entre les murs de cette cité, parcourt le désert à la recherche de denrées rares et de pierre soleil servant à confectionner bijoux et objets précieux. A côté du palais royal, se trouvait le temple de Sol'ra, leur divinité tutélaire. La grande particularité de ce lieu était que que la plupart des pièces qui le composaient n'avait pas de toit afin que la lumière du soleil soit présente tout au long de la journée. Ïolmarek, le grand prêtre de Sol'ra et Ahlem priaient dans la grande cour lorsqu'ils entendirent à leur tour les paroles.

Nassaafaraa oukt naass oukt nassaaafaraaa... Partez à la recherche du présent qui vous était destiné. Les infidèles tentent de se l'approprier. Châtiez-les comme il se doit.

A ce moment-là, quelque chose jusqu'à présent caché en eux se réveilla.

- Alhem, tu pars avec Aziz et ceux qui sont dans les environs, le temps que je réunisse les autres.

- Bien grand prêtre, je m'en vais les quérir de suite. Quels sont vos ordres concernant les infidèles ? Dois-je emmener votre disciple ?

- Oui oui bien sur qu'elle est du voyage. Quand à ceux vous rencontrerez sur place, s'ils se mettent au travers de votre route qu'ils soient alors placé sous le jugement de Sol'ra !

Le lendemain, une petite troupe quitta discrètement Mineptha et se mit en route pour rejoindre le tombeau des ancêtres.

Le Précieux

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Ne dit on pas que la nuit, tous les chats sont gris ? C'est un proverbe que notre jeune voleuse expérimentait sur elle le plus souvent possible. Quelques jours au auparavant, Héléna avait eu un tuyau, une information qui d'après elle serait le coup du siècle. Un indic lui avait dit qu'on lui avait dit que le célèbre trésor du légendaire capitaine pirate Gol'denaï avait été retrouvé par le gouvernement des Iles blanches et serait bientôt exposé au grand public avant de retourner dans les caisses nationales. LE Trésor de Gol'denaï ! Incroyable ! Non seulement l'histoire de ce célèbre pirate se transmettait entre les différents équipages hors-la-loi, mais sa valeur inestimable faisait briller les yeux des chercheurs de trésors et autres voleurs. Héléna ne pouvait pas manquer cette occasion unique de s'en emparer. C'était trop tentant. Elle se hâta, car cette nouvelle se répandait aussi vite qu'un ziaf (un oiseau très peureux) ayant le vent dans le dos. Elle risquait de ne pas être la seule sur le coup.

La voilà donc à Pierrevent, la capitale des îles blanches, un endroit où l'étourdi pouvait glisser et tomber dans le vortex. Car ces iles n'étaient pas maritimes, mais aériennes, cela, suite à la grande guerre contre Néhant.

Le plan était prêt, ficelé, il ne laissait nulle place au hasard. Son génie était à son paroxysme. Évidement rien ne se passa comme prévu. Et en y repensant bien, aucun de ses plans n'avait correctement fonctionné, car justement le hasard intervenait toujours. Manque de chance ou coïncidence ? Tombée de la nuit, plan première partie : désactiver les protections magiques. Aucun problème de ce côté-là. L'alarme, une Cristagard 2.0 ne présentait aucune difficulté. Un peu de poudre de gemme miroir et l'affaire était jouée. Puis elle grimpa en haut de la tour grâce à son fidèle enchanfilin : un cordage très fin, très résistant.

Parfait, personne ne l'avait vu, il restait à passer les gardes. Facile !! Ils étaient à peine deux pour surveiller un antique trésor. Le gouvernement des îles blanches était soit radin soit ne connaissait pas la célèbre Héléna ! Les nuls !

Le petzouille était un animal assez particulier, à peine plus grand qu'un chaton avec une trompe et une faculté prisée par les brigands de haut vol. En effet, lorsqu'un petzouille mangeait des graines de tournesol, il se mettait à gonfler comme une baudruche. Il suffisait ensuite, grâce à un ingénieux mécanisme inventé par Larcène, grand maître voleur, de le lancer dans une pièce pour qu'il libère un gaz soporifique très rapide. Deux gardes endormis plus tard, la voilà dans la salle d'exposition. Le coffre, immense et convoité, trônait au milieu. Bizarrement aucun système magique ne le protégeait. Plus rien ne l'étonnait.

Clic ! Le coffre était ouvert. Les yeux brillants et le cœur serré elle l'ouvrit et... rien ! Vide, le coffre était vide ! Par les cornes de Dragon ! Un piège ? Non, visiblement. Un bout de parchemin se matérialisa alors, entourant un cristal de cachemin, un objet dont les voleurs se servent pour se laisser des messages entre eux. Dessus, à peine quelques mots : "Je t'ai bien eu !!" Et c'était signé Quilingo.

La voleuse serra le parchemin avec rage.

- QUILINGOOOO !! Hurla-t-elle. Je l'aurais ce foutu ours ! Je l'aurais !

Très vite elle rebroussa chemin. Elle devait partir avant de se faire attraper, ce qui n'arrivait jamais, enfin presque jamais. Quelques instants plus tard, la voilà dans une des ruelles sombres de la cité, ruminant cette humiliante défaite. Pas de trésor... pas de trésor... Bon réfléchis ma fille, réfléchis. Un panda ça ne passe pas inaperçu. Je vais faire jouer mes cercles d'influences et le traquer, jusqu'au bout du monde s'il le faut.

Quelques jours plus tard, au cœur d'une dense forêt à l'extrême sud-ouest de la Draconie, la jeune voleuse avait monté un nouveau plan. Un plan encore plus parfait que le dernier, ne laissant une fois de plus aucune place au hasard, qui pourtant s'invita bien entendu à cette petite fête. La piste d'un panda, surtout humanoïde était facile à suivre. Où allait-il ainsi ? En fait, peu lui importait, puisque dans peu de temps, le trésor serait sien ! Elle avait choisi un endroit où toute fuite était impossible, un immense pont de cordage au dessus d'un gouffre de dix mètres donnant sur une rivière déchainée infestée d'animaux peu amicaux. C'était aussi le seul point de passage pour aller de l'autre côté de la forêt. Elle avait donc placé quelques pièges qui immobiliserait Quilingo sans lui faire de mal. Elle se cacha ensuite et patienta jusqu'à l'arrivée de sa pauvre victime. Le temps lui sembla une éternité et son attention se relâcha jusqu'à ce qu'un bruit la fit sursauter. Une planche se mit à grincer. Elle se risqua à voir de quoi il retournait. C'était Quilingo, déjà à la moitié du pont. Mais.. mais.. mais... comment a-t-il fait pour échapper à mes pièges ?? Sa réaction fut immédiate, elle se jeta à la poursuite du panda qui, aux aguets, la repéra très vite. Une course poursuite éclair s'engagea, elle ne dura que le temps de passer de l'autre côté. Car sitôt le pont derrière lui, Quilingo s'arrêta pour faire face à Hélena.

- Alors, t'veux l'trésor ? T'sais qu'il t'appartient pas ?

- Allons mon gros, ne me provoque pas, laisse moi le coffre et va t'en. Ça t'évitera des soucis.

- HAHAHAHA, t'veux me voler ? Moi ? J'suis pas un garde-coffre pour rien. T'entend ça Er'vent ? Ta copine veut m'voler !

Héléna plissa les sourcils. Qu'est ce qui raconte le gros ?

Alors apparu à côté de lui Erevent. Tout comme Héléna, il était un membre des Envoyés de Noz'Dingard.

- J'ai entendu et tout consigné. Tu as fait du bon travail.

La figure de la jeune femme se décomposa.

- Tu... tu as monté tout ça contre moi ?? Mais pourquoi ?

- Les Envoyés doivent être respectables. Voler quelque chose à des alliés n'est pas... acceptable.

- C'est pas à toi de me dire ce qui est respectable ou pas, fiente de petzouille.

Hélena échafaudait un nouveau plan, il fallait faire durer la discussion le plus longtemps possible.

- Des insultes, voilà que tu t'abaisses au niveau des autres brigands. Non ce n'est pas à moi de te dire ce qui est acceptable ou pas. Dragon jugera si tu es encore digne de rester dans les rangs des Envoyés. Ma mission est finie. Considère-toi comme prisonnière.

- Mais bien sûr ! Hurla-t-elle en jetant au sol une sphère de verre qui libéra une fumée blanche... qui fut aussitôt éparpillée par un vent violent. La voleuse tenta l'évasion, mais échoua. Erevent faisait partie des meilleurs enquêteurs de la Draconie. Et les tours de passe-passe comme celui-là, il les connaissait tous. Il avait discrètement lancé un sort dit de "bave de troll" qui figeait une personne au sol.

- D'accord, d'accord... Discutons, dit-elle avec le sourire.

Mais il était trop tard. Quilingo sortit une corde, la saucissonna et la jeta sur son épaule. Et tous partirent pour Noz'Dingard.

Le Runique - Chapitre 1

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Le Désert d'Émeraude regorgeait de petits lieux incroyables où la vie grouillait comme nulle part ailleurs. Tout cela était possible grâce à l'eau qui ressortait et attirait toutes sortes de créatures. Elle favorisait aussi la végétation luxuriante.

C'est dans une de ces oasis, car c'est ainsi que les gens du désert les appelaient, qu'une tribu entière qui vivait là depuis des générations fut en partie détruite. L'attaque eut lieu à l'aube, alors que tous dormaient encore. Elle fut brutale et sans pitié. Les assaillants étaient nombreux et très bien organisés. Il s'agissait d'une des plus grandes bandes de trafiquants d'esclaves. Les cris réveillèrent les oiseaux au couleur chatoyantes et le sang, beaucoup de sang, coula. Les hommes qui avaient vaillamment tenté de défendre leurs familles périrent devant la férocité des brigands et de leurs lions de guerre. Lorsque toute l'attaque cessa, il ne restait plus que des cadavres dans l'eau alors que femmes et enfants étaient devenus des prisonniers pour être revendus. Parmi eux, le jeune Kalhid, âgé d'à peine 9 ans.

Le garçon fut vendu quelques jours plus tard au marché aux esclaves de Mineptha à un homme puissant qui résidait dans les montagnes tout au nord du désert. A son arrivée à la propriété de Abn el hissan, il fut envoyé dans les mines de sephra, une épice rare qui avait pour originalité de se trouver dans une terre particulière des montagnes. C'est ainsi que s'était battit la fortune du maître de Kalhid.

De nombreuses années passèrent et le garçon était devenu un homme. Contre toute attente, alors que la grande majorité des esclaves des mines décédait assez vite, lui résista, se battant contre sa condition, car ceux de son peuple pensaient que la vie valait tout et que l'espoir devait toujours être un moteur pour avancer sur le long chemin de l'existence. Et le moment était venu. Après tout ce temps en captivité, il était temps de reprendre cette liberté qu'on lui avait volé. Grâce à son imposante force et à un plan soigneusement établi, lui et quelques autres esclaves réussirent à s'évader. La chance lui souriait enfin. Mais elle l'abandonna très vite car quelques heures à peine après avoir fui, une tempête de sable s'abattit sur eux avec une violence incroyable. Ils furent tous ou presque balayés comme de vulgaires morceaux de paille. Kalhid n'en pouvait plus, malgré sa résistance il ne pouvait plus lutter contre les éléments. A bout de force, il s'abandonna à une mort certaine.

Kalhid ouvrit les yeux en sursautant, haletant mais vivant il plaqua sa main droite contre son coeur. Il battait fort. Cela le rassura car cela voulait dire qu'il était en vie. La pièce dans laquelle il se trouvait était plongée dans le noir. Il n'y voyait rien. Tout à coup, quatre flambeaux s'allumèrent. Il était allongé sur un lit confortable, autour de lui quelques meubles dont le style lui était inconnu et tout juste à côté de lui une vasque contenant de l'eau. Il en but une gorgée et s'aspergea le visage. Des centaines de questions tambourinaient dans son crane. La porte s'ouvrit alors et une voix se fit entendre, une voix grave qui lui disait d'approcher. Il passa la tête dans l'encadrement et découvrit un long couloir lui aussi éclairé de flambeaux. Tout le long, il y avait des symboles qui scintillaient en harmonie. Il passa devant plusieurs portes toutes fermées et il déboucha dans une immense salle. Partout des symboles luisaient faiblement et, ce qui l'intéressa d'avantage, il y avait là des dizaines d'armes et d'armures magnifiquement ouvragées. Au bout de la salle, trônait ce qui ressemblait vaguement à une énorme enclume. Derrière elle, à moitié cachée dans l'obscurité, une créature arborant apparemment une paire de cornes le regardait.

Il hésita à avancer mais la voix le rassura.

- N'aie pas peur. Nous n'en voulons pas à ta vie. Sinon nous t'aurions abandonné à ton triste sort.

Effectivement le raisonnement se tenait et il s'avança, jusqu'à une distance raisonnable.

- Je vous remercie de m'avoir sauvé.

- Ne nous remerciez pas, coupa la créature. Hélas nous n'avons pu sauver vos compagnons, ils ont tous péri.

- C'est une chance que vous m'ayez trouvé.

- Ce n'est pas de la chance, nous savions que celui que nous attendions tous serait là.

- Je ne comprend pas très bien.

- Nous venons de loin et nous cherchons des personnes au destin particulier et vous faites partie de ceux là.

Kalhid plissa les yeux.

- Vous attendez quelque chose de moi n'est-ce pas ?


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