De Eredan.

(Différences entre les versions)
(Histoire)
(Chapitre 6 - L’Impératrice)
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- Comment le savez-vous ? Demanda une Equinoxienne aux cheveux tressés et réunis en un gros chignon.  
- Comment le savez-vous ? Demanda une Equinoxienne aux cheveux tressés et réunis en un gros chignon.  
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- Maîtresse-consul Jel-Darim, lorsque nous élevons un Gardien de lune, nous tissons avec lui un lien qui va bien au delà de la mort. Nous utilisons la magie de l’Equinoxe pour nous permettre à tout moment de faire le revenir jusqu’à nous. Le Gardien de lune confié à Théya est revenu, mort. J’ai pu me plonger dans ses derniers instants et j’y ai vu l’attaque sur Théya et sa chute. Si je n’ai pas la certitude de son décès, elle est au mieux tombée entre les mains ennemies. Voilà ce que je sais.
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- Maîtresse-consul Jel-Darim, lorsque nous élevons un Gardien de lune, nous tissons avec lui un lien qui va bien au delà de la mort. Nous utilisons la magie de l’Equinoxe pour nous permettre à tout moment de le faire revenir jusqu’à nous. Le Gardien de lune confié à Théya est revenu, mort. J’ai pu me plonger dans ses derniers instants et j’y ai vu l’attaque sur Théya et sa chute. Si je n’ai pas la certitude de son décès, elle est au mieux tombée entre les mains ennemies. Voilà ce que je sais.
Le visage de l’Impératrice, d’habitude figé dans l’inexpression la plus totale, arborait une couleur carmin provoquée par une rage qu’elle retenait pour le moment. La nouvelle mettait à mal le plan d’invasion de l’Impératrice.
Le visage de l’Impératrice, d’habitude figé dans l’inexpression la plus totale, arborait une couleur carmin provoquée par une rage qu’elle retenait pour le moment. La nouvelle mettait à mal le plan d’invasion de l’Impératrice.
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- Si je fais le point sur la situation, dit la contremaîtresse Delya, Théya avait pour mission d’analyser la situation en Terres de Guem et de nous donner des informations tactiques. Sauf que ces informations ne sont jamais arrivées jusqu’à nous. Et la situation dans l’Equinoxe est plus que délicate. L’intervention de Théya a révélé notre existence à nos ennemis et ceux-ci on trouvé le moyen d’infiltrer notre territoire, puis se sont alliés avec la résistance.  
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- Si je fais le point sur la situation, dit la contremaîtresse Delya, Théya avait pour mission d’analyser la situation en Terres de Guem et de nous donner des informations tactiques. Sauf que ces informations ne sont jamais arrivées jusqu’à nous. Et la situation dans l’Equinoxe est plus que délicate. L’intervention de Théya a révélé notre existence à nos ennemis et ceux-ci ont trouvé le moyen d’infiltrer notre territoire, puis se sont alliés avec la résistance.  
Le visage de l’Impératrice se déforma sous l’effet de la rage.
Le visage de l’Impératrice se déforma sous l’effet de la rage.
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La voix de l’Impératrice résonnait, nulle n’aurait eu le cran de la contrarier, la décision était prise, le destin de l’Equinoxe était en marche...
La voix de l’Impératrice résonnait, nulle n’aurait eu le cran de la contrarier, la décision était prise, le destin de l’Equinoxe était en marche...
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==Chapitre 7 - Bataille de l’Equinoxe ==
==Chapitre 7 - Bataille de l’Equinoxe ==

Version du 25 juillet 2013 à 18:46

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Sommaire

Histoire

Chapitre 1 - L'appel de l'Ombre

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Lorsqu’un corbeau se posa sur le rebord de la fenêtre et croassa à plusieurs reprises, un craquement se fit entendre, des lattes de plancher pliaient sous le poids des pas de l’unique résidant de cette immense demeure xziarite. Le corbeau, loin de se démonter, croassa de plus belle lorsqu’il perçut que quelqu’un montait les escaliers afin de rejoindre l’étage et la chambre où il se trouvait. Enfin, après une longue minute la porte de la chambre coulissa en laissant échapper un grincement. Le corbeau stoppa ses cris et observa l’arrivant ; un homme frêle vêtu d’une tenue typiquement xziarite sur laquelle les attributs du clan du Corbeau étaient bien visibles. Ce qui aurait pu choquer une quelconque personne qui rencontrait pour la première fois Hisomu c’était ce voile blanc large d’une vingtaine de centimètres tombant jusqu’aux genoux. Sur la partie basse du voile étaient inscrits deux idéogrammes qui ensemble signifiaient “fantôme”. En un seul pas l’homme se retrouva de l’autre côté de la pièce, juste devant le corbeau qui inclinait la tête. D’une main presque squelettique Hisomu caressa la tête du volatile qui sembla apprécier l’attention.

- Chidori... cela fait des mois que je ne t’ai vu. T’es-tu souvenu d’un coup d’un seul que j’existais encore ?

A ce moment-là dans un nuage de fumée Chidori qui s’avérait être le corbeau reprit son apparence normale. La jeune femme resta appuyée sur le rebord de la fenêtre comme si quelque chose l'empêchait d’entrer.

- Hisomu... toujours aussi aimable. Je suis désolée de ne pas te rendre visite plus souvent, mais c’est … compliqué.

- Compliqué ? Dis plutôt que tu ne veux pas que Seigneur Daijin sache que tu me rends visite.

- Crois-tu que nous pouvons lui cacher quelque chose, c’est lui qui m’envoie.

- Il a bien choisi son messager. Et qu’est-ce que mon seigneur me veut ?

- Il a besoin de ce que tu gardes pour lui depuis des années.

Hisomu se figea, envahi par les souvenirs. Cela le projeta bien des années plus tôt à Meragi. Il n’était qu’un enfant, rejeté des siens car marqué du sceau de l’infamie. En effet Hisomu avait le malheur d’être né avec des difformités dues au fait qu’il était naturellement un guémélite de l’ombre, un fait aussi rare d'exceptionnel. Les autres enfants furent cruels avec lui comme les enfants peuvent l’être souvent vis-à-vis de l’anormalité. En grandissant cela ne s’arrangea pas et Hisomu tenta d’en finir avec la vie à plusieurs reprises. Sans la rencontre avec Daijin il ne serait sûrement plus vivant aujourd’hui. Le Corbeau lui fit une offre qu’il ne put refuser. Alors il l’envoya dans une zone reculée pour vivre dans une vieille demeure où nul ne pourrait se moquer de lui. On lui donna à garder un secret qui serait en partie protégé par magie et lorsque le Corbeau désirerait qu’on lui apporte ce secret, Hisomu serait alors chargé de cette mission. Ce jour était venu.

- Il en sera fait selon son désir. Tu peux lui dire que je fais le nécessaire. Je vous rejoindrai le moment venu.

- Ne tarde pas trop, dit-elle avant de se retransformer en corbeau et s’envoler.


Perché sur son rocher Daijin surveillait les alentours. Il le savait, les néhantistes n’étaient pas loin et la confrontation inévitable. Il avait longuement préparé une stratégie qui devrait permettre de sauver l’empire ou du moins ce qui l’était encore. Mais pour cela il lui fallait Hisomu et ce fameux secret. Chidori avait fait son travail, il ne lui restait plus qu’à garder patience. Karasu à quelques pas derrière Daijin finit de lire un parchemin qu’il roula ensuite.

- Seigneur, les troupes du Seigneur Impérial Gakyusha et des autres généraux sont en place. Les Tsoutaï souhaitent savoir si nous avons besoin d’un appui sur notre ligne.

- Non, nous devrions pouvoir tenir. Et qu'en est-il de nos alliés draconiens ?

- Comme vous le souhaitiez ils ont mis en place des écrans d’invisibilité sur les armées xziarites, ils attendent votre signal pour commencer le rituel d’isolement.

- Très bien, qu’ils se tiennent prêts. Une fois que le combat sera engagé il nous faudra resister le temps nécessaire. L’Empereur est-il hors de danger ?

- Il est là où il doit être.

A ce moment là un disque d’ombre apparut sur le sol à côté d’eux et Hisomu en sortit. Karasu recula en fronçant les sourcils car il ne l’appréciait pas et le jugeait trop instable. L’arrivant s’inclina respectueusement devant Daijin en tendant un rouleau à parchemin scellé par la marque du Corbeau.

- Me voici maître et voici ce que vous m’avez confié.

- Qu’est-ce ? Demanda Karasu.

- Un secret, dit Hisomu, et un secret ne doit pas être révélé !

- Tu as toujours été curieux mon petit Karasu. Je vais satisfaire ta curiosité. Mais avant cela je vais vous donner à tous deux des consignes.

- Je vous écoute seigneur, dit Karasu en bombant le torse.

- Je vais pratiquer un rite qui va m’épuiser plus que de raison. Lorsque celui-ci aura produit son effet il vous faudra m’écarter du combat, puis une fois en sécurité vous repartirez dans la mêlée jusqu’à ce que les draconiens aient fini leur propre rituel.

- Entendu, dit Hisomu.

- Il est temps d’agir, nous jouons la survie de l’Empire dans cette bataille, j’espère que vous saisissez l’importance que cela revêt.


Daijin, Karasu et Hisomu se trouvaient désormais au milieu d'une grande plaine. Devant eux au bout du champs la lisère d'une forêt aussi vieille que ce monde. Des oiseaux par dizaines s'envolaient, annonçant l'arrivée prochaine d'une horde de démons qui ne désiraient qu'une chose : détruire ! De l'autre côté de la plaine la maigre armée impériale composée de Tsoutaï, de traqueurs, de la garde impériale et de la quasi totalité du clan du Corbeau. Soit à peine quatre cent hommes qui devraient affronter des milliers de démons. Le moral était au plus bas parmi les simples hommes mais heureusement les Tsoutaï redonnaient courage à ceux qui en manquaient.


Daijin décacheta le rouleau apporté par Hisomu et une pure magie d'ombre s'en échappa. Des filaments d'ombre tombaient par terre et au contact du sol ils le modifiaient pour le rendre ténébreux. Dans un geste sec et puissant il déroula d'un coup le parchemin en ligne droite devant lui. Ce fut comme une explosion de magie, les filaments noirs, innombrables semblaient vivants et comme s'ils étaient enfermés depuis longtemps tentaient d'aller le plus loin possible. Karasu et Hisomu comprirent que le rituel avait débuté, d'ailleurs leur seigneur ressemblait moins à un vieillard à présent. Le Corbeau semblait plus jeune, plus puissant aussi, de grandes ailes de plumes noirs partaient de son dos. Il posa la main sur l’extrémité du parchemin devant lui et marmonna des incantations magiques. Les filaments noirs vibrèrent à l'unisson puis lentement ils se regroupèrent sous le Corbeau pour finalement s’agripper à ses pieds puis ses chevilles. La magie de l'ombre était sienne désormais et il se trouvait relié avec tous les guémélites de l'ombre des terres de Guem. Il se concentra alors sur la suite du rituel, une étape importante, cruciale même.

- Fils et filles de l'Ombre ! Mon nom est Daijin le Corbeau et j'implore votre venue jusqu'à moi ! Vous guémélites devez défendre cette terre dont vous êtes proche, une horde de démons menace l'Empire de Xzia ! Je vous convoque !

Très loin de là les premiers à réagir furent les guémélites de l'ombre des Combattants de Zil. Tous entendirent l'appel de Daijin et aucun d'entre eux ne savait l'Empire de Xzia en danger. Ainsi Zil fut le premier à répondre à l'appel, il sentait déjà la force de l'ombre l'attirer vers un autre lieu. Il hurla à tous les combattants de l'ombre de se laisser faire. En un clin d'œil il fut happé par l'ombre et en ressortit juste à côté de Daijin. Il en fut de même pour l'Aberration et tous les Combattants de Zil en mesure de venir.

- Tu as notre soutien Corbeau, dit Zil en sortant ses dagues.

Rapidement ils furent des centaines à apparaître, la plupart d'entre eux vivaient isolés de par leur spécificité, les guémélites de l'ombre étaient craints pour la grande majorité. Il y en avait de monstrueux et d'autres à l'apparence beaucoup plus proche de leur race d'origine. Mais tous étaient prêts à faire face aux démons. D'ailleurs, ceux-ci arrivaient enfin à la lisière de la forêt et ce qui suivit, Daijin ne pourrait en être témoin. Avoir fait venir jusqu'à lui tous ces guémélites de l'ombre l'avait grandement épuisé et il tomba inconscient. Karasu et Hisomu exécutèrent l'ordre de leur supérieur et éloignèrent Daijin. L'armée de l'ombre fut rejoint de celle de Xzia. Les Corbeaux se mêlèrent aux guémélites et firent passer le mot quant à la stratégie. Le but n'était pas de risquer des vies mais de retenir les démons le temps nécessaire à ce que le reste de l'armée intervienne et que les draconiens parviennent à accomplir leur rituel.


La bataille s'engagea. Amidaraxar s'étonna de voir cette armée hétéroclite mais le nombre était en sa faveur. Il ordonna à ses légions de fondre sur cette ridicule tentative de résistance. Mais le nombre n'était pas aussi important dans ce conflit, car les facultés et les habiletés de chacun jouèrent pour beaucoup. Et les défenseurs rivalisèrent face aux attaquants les techniques des ombres permirent aux guémélites de reprendre le dessus temporairement, les tentacules d'ombre par dizaines agrippaient les démons et les renvoyaient dans la direction par laquelle ils étaient venus. Puis alors que les démons se réorganisaient des hommes en armure rouge apparurent parmi les défenseurs. Les renforts tant attendus étaient là, prêts à en découdre. Le Seigneur-Gakyusha sonna l'assaut et la poignée de mages de la Draconie coupa les sorts d'invisibilité placé sur les armées. A présent en un contre un la bataille changea de visage. Les démons furent décimés et ceux-ci se regroupèrent pour faire front. Mais Amidaraxar n'avait pas dit son dernier mot, ses démons ne pouvaient réellement mourir, lorsque l'un d'eux tombait au combat il était renvoyé dans les Méandres. Mais le Néhantiste était en mesure de les ré-invoquer immédiatement, cette bataille ne pouvait finir que dans le sang de ses adversaires car les démons ne se fatiguaient pas.


Mais c'était sans compter sur la puissante magie de Dragon ! Depuis le début du combat Maître-Mage Pilkim aidé d'Aerouant et d'un certain nombre de mages pratiquaient discrètement un rituel expérimental et bien particulier. Aerouant connaissait bien les démons, il savait qu'ils ne mourraient pas vraiment. Aussi il entreprit de bloquer temporairement le chemin d'accès entre les méandres et l'invocateur. La terre se craquela sous l'effet de l'apparition de grandes lignes de magie à la lumière bleue. Ces lignes s'entrecoupèrent pour former comme une sorte de gigantesque toile d'araignée. Amidaraxar comprit de quoi il s'agissait lorsque les démons qu'il rappelait ne purent revenir. A ce moment précis il sut qu'il venait de perdre la bataille...


Chapitre 2 - Cambriolage

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L’Arc-Kadia dessina de larges cercles autour du palais de Bramamir, laissant derrière lui deux sillons de fumée tout droit sortis de ses deux imposants moteurs. Puis le navire ralentit, au début imperceptiblement puis de plus en plus, finalement il s’arrêta totalement au niveau du balcon du bureau du gouverneur. Al la Triste suivie du commandant Malderez et de deux autres personnes qui retenaient l’Etranger désormais prisonnier de la célèbre pirate s’engouffrèrent par l’ouverture avant que l’Arc-Kadia ne s’en aille. A l’intérieur le bureau semblait abandonné, des parchemins scellés attendaient sagement sur le bureau que quelqu’un veuille bien les lire. L’Amiral fit signe à Malderez de les récupérer, elle s’en occuperait sûrement lorsque le moment serait venu. Mais pour l’instant elle avait mieux à faire, elle tenait celui que l’on nommait l’Etranger, recherché par toutes les guildes et pour lequel une forte somme était offerte par le Conseil des Guildes. Mais alors que faisait-elle ? Pourquoi ne pas avoir directement mis le cap sur le château de Kaes pour livrer le prisonnier ? Une fois n’était pas coutume, c’était l'appât du gain ou devrait-on dire la possibilité d’avoir le beurre, l’argent du beurre et tout ce qui va avec qui motivait notre cupide Amiral. Encore un plan des plus “piratesques” consciencieusement pensé pour ne pas dire réfléchi entre deux goulées d’un alcool sorti d’on ne savait quelle distillerie douteuse. L’Etranger avait une valeur, celle de la prime tout d’abord, mais aussi toute autre car le personnage s’avérait être un Equinoxien ! Et d’après les rapports du Conseil, il existerait encore des vestiges de cette civilisation et donc potentiellement des trésors cachés. Cela suffisait pour motiver Al la triste qui depuis quelques temps déjà s’ennuyait. Une petite filouterie de plus était une bonne perspective pour une honnête pirate. La troupe fila en direction des geôles désormais bondées de politiciens véreux de l’ancien régime. Une séance de nettoyage de cellule plus tard l’Etranger se retrouva à nouveau enfermé.

- Nous n’allons pas faire les erreurs des draconiens Etranger, tu vas être sous une surveillance étroite. Ne pense même pas à utiliser un quelconque pouvoir magique.

- Personne ne me retiendra, croyez-moi.

- Nous verrons bien, passe une bonne nuit Etranger, demain nous discuterons de ton avenir. La nuit porte conseil parait-il...


Dans la prison, les ronflements de concert des nombreux pensionnaires maintenaient éveillé Malderez qui se retrouvait là à surveiller le prisonnier. C’était là une punition que le commandant acceptait, résigné et toujours dépité d’avoir perdu son propre navire. Malderez et l’Etranger avaient déjà passé plus de trois heures à se regarder l’un l’autre dans un duel de regards. Puis lassé, Malderez s’occupa à démonter son arme pour la nettoyer un peu. Il ne se doutait pas un instant que du côté de l’Etranger il se passait quelque chose. Dehors, sur les toits une silhouette se détachait, à peine éclairée par les rayons d’une lune presque pleine. Les formes trahissaient la nature féminine de ce monte-en-l’air. La jeune femme, aussi agile qu’un chat arriva au bout d’un moment sur le toit de la tour-prison de Bramamir. Le bout d’une longue corde tomba juste en-dessous de la fenêtre à barreaux de la cellule de l’Etranger, puis la jeune femme s’accrocha à la corde avant de se laisser glisser. Elle veilla à ne pas faire le moindre bruit. Une fois arrivée au bout elle fit un nœud de manière à pouvoir conserver une main libre. A l’intérieur ni l’Etranger ni Malderez ne se rendaient compte de la présence de la monte-en-l’air. Elle en profita alors pour mettre son plan à exécution. Elle farfouilla dans son sac et en tira deux cristaux plats de couleur bleue. Discrètement elle gratta sur un des barreaux pour attirer l’attention de l’Etranger, celui-ci tourna la tête et vit la jeune femme avec le doigt posé sur sa bouche pour lui dire de garder le silence. Il garda son attention sur elle, cette dernière lui tendit un des deux disques qu’il accepta. Héléna posa la main sur le cristal qu’elle avait gardé en voyant que l’Etranger tenait le sien.

- Tiens bien ce cristal, il nous permet de discuter par la pensée du moment que nous avons tous les deux un contact avec.

- Qui es-tu ?

- Je m'appelle Héléna, je suis ton ticket de sortie... du moins si tu coopères, ce qui je pense sera le cas.

- Je t’écoute.

- Je ne fais partie d’aucune organisation, je suis indépendante. J’ai voué ma vie à retrouver les vestige de notre passé et ton cas m’intéresse. Tu es un Equinoxien n’est-ce pas ? J’en connais un bout sur ton histoire et je t’avoue que je cherche des reliques de ta civilisation. Est-ce qu’il y a ce style de reliques en Terre de Guem ?

- Pourquoi te donnerais-je ce qui appartient à mon peuple ?

- Parce que je peux te sortir de là et te permettre d’accomplir ta mission... oui je suis au courant de ça.

- Tu trahirais les tiens ?

- Oui je m’en fiche bien de ces idiots, et puis même si le monde était peuplé d’Equinoxiens je pourrais vivre sans qu’aucun d’entre vous ne me retrouve. A moins d’inclure dans notre marché un sauf-conduit éternel en ma faveur. Décide-toi nous n’avons pas de temps à perdre. Je te sors de là, tu me conduis jusqu’à des reliques de ton peuple et tout le monde est content ! Alors ? Tu marches avec moi ?

Le choix paraissait évident, d’un côté Al la Triste et un avenir plutôt obscur, de l’autre la liberté au prix de quelques babioles. Il aurait tout le loisir de tuer cette Héléna par la suite.

- J’accepte.

- Génial ! Allez, au travail, garde ce disque avec toi pour communiquer, dit-elle en fouillant dans son sac de sa main libre.

Elle sortit un cristal pour le caler à l’intérieur de la cellule sur le lit à côté de l’Etranger. Quelques instants après la magie opéra.

- A présent nous pouvons faire le bruit que nous voulons, ton geôlier ne remarquera rien.

Héléna farfouilla à nouveau pour en sortir cette fois une fiole de la taille d’une poire. Elle versa un peu de son contenu sur le haut et le bas des barreau. Le liquide translucide un peu visqueux rongea le métal avec facilité et l’Etranger eut à peine à forcer pour les enlever. Encore une évasion spectaculaire de l’Equinoxien.


Quelques jours plus tard, Héléna et l’Etranger à bord d’un navire volant volé approchaient des ruines de Caislean. Craignant alors de se faire repérer, le navire se posa à bonne distance et les deux membres d’équipage s’aventurèrent en direction de l’objectif. Ils traversèrent la forêt dense jusqu’à la lisière où enfin les ruines furent visibles. C’est à ce moment-là que l’Etranger se décida à agir. Maintenant qu’il était là, enfin débarrassé des pirates, il ne lui restait plus qu’à tuer Héléna puis rentrer en contact avec un Métamage pour obtenir de nouveaux ordres. Il laissa passer la jeune femme devant lui puis s’apprêta à frapper. C’est là qu’il sentit un objet pointu dans son dos. C’était Al la Triste, arme à la main.

- La nuit a-t-elle porté conseil ? Dit l’Amiral en plaisantant.

Héléna souriait satisfaite de son petit tour.

- Amiral, merci pour ton intervention.

- Ça faisait partie de notre arrangement, voleuse.

- Vous êtes de mèche ? S’étonna l’Etranger.

Héléna lui adressa un sourire qui en disait long sur comment elle l’avait dupé.

- Évidemment dit-elle. L’Amiral n’est pas une idiote, elle s’est renseignée sur toi et elle savait que tu ne dirais rien sur les nombreux sujets qu’elle aurait abordé. Donc il nous fallait agir de façon détournée avec toi. L’Amiral a fait appel à mes services et je l’en remercie. Je lui ai proposé ce plan : gagner ta confiance en t’aidant à te libérer, puis une fois libre que tu nous conduises à l’endroit où se trouve le trésor, cette ruine si je ne m’abuse. L’Amiral et quelques autres qui sont d’ailleurs assez mal cachés il faut l’avouer, nous ont suivi et nous devions ensuite te capturer à nouveau. C’est d’ailleurs chose faite.

- Allez, entrons dans ces ruines et trouvons les trésors qui y sont enfermés, ajouta l’Amiral en faisant signe à ses hommes de menotter leur “invité”. Tu viens avec nous, pas question d’y aller sans toi.

Peu de temps après le coup d’éclat, Al la triste, Héléna et l’Etranger s’enfonçaient dans le dédale de couloirs sous les ruines de cette ancienne résidence de Metamages, des magiciens Equinoxiens très puissants, disparus depuis des éons.

- Ne croyez pas que je vais vous dire quoi que ce soit femmes humaines, vous n’êtes rien pour moi et...

Héléna s’arrêta pour le gifler.

- Il parait que votre société est dirigée par les femmes justement, alors boucle-la.

Elle sortit alors un chiffon avant d’en bâillonner son exécrable compagnon. Une fois réduit au silence la voleuse montra le disque de cristal qu’elle utilisait pour parler avec lui.

- J’ai un plan, je ne pars jamais sans m’assurer avant que je parviendrai à mes buts. Ceci me permet de parler avec toi par la pensée, mais aussi à comprendre la langue d’une personne étrangère. Je vais pouvoir lire tous les symboles qui sont sur ces murs, dit-elle en montrant les grandes parois d’une salle dans laquelle ils se trouvaient.


Le temps passa vite à l’intérieur du complexe, et deux heures s’étaient déjà volatilisées. Héléna menait la petite troupe en suivant les indications et les indices disséminés un peu partout. Elle comprenait mieux la façon de penser des Equinoxiens. Leur magie se basait sur les écritures, visibles ou non. L’édifice était un véritable gruyère et beaucoup de portes n’étaient visibles qu’après des manipulations particulières que seul un Equinoxien, ou quelqu’un connaissant la langue, pouvait comprendre. C’est ainsi qu’elle parvint à résoudre des énigmes complexes et découvrir une vaste salle en partie écroulée.

- Je crois que je tiens quelque chose les amis ! S’écria Héléna en sautillant.

- Quoi ? Y a rien ici à part des décombres, répondit l’Amiral la mine perplexe.

- Que tu crois ! Regarde !

Héléna s’approcha d’un mur couvert de poussière et frotta dessus sur une petite partie à hauteur de genoux. Il y avait là plusieurs serrures disposées sur différentes portes, comme une série de petits coffres-forts. De quoi faire rêver la jeune voleuse qui détacha de sa ceinture une sorte de clé à l’aspect très étrange.

- L’affaire est dans le sac Amiral !


Chapitre 3 - Par la lumière !

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Le vent balayait la surface comme une langue invisible. Les milliers de grains de sable qui avaient déjà parcouru d’innombrables lieues voletaient vers une direction inconnue. Parfois ils s’accumulaient au pied d’un rocher et parfois, comme à présent, au pied d’un vieux mur vestige d’un autre temps. Netjhim planta son bâton à tête de chacal dans le sable et examina les lieux, se protégeant du soleil d’une main et entortillant le bout de sa très longue barbiche du bout de ses autres doigts. Derrière lui la porte de l’Infini, découverte il y a quelques temps, donnait l’impression qu’une nouvelle terre s’étalait au-delà, mais il n’en était rien. Le prêtre de Ptol’a avait passé plusieurs semaines à déchiffrer les écritures inscrites sur chaque colonne de la porte. Ce qu’il avait découvert dépassait ses espérances bien que le contenu lui fit mauvaise impression. Elles indiquait qu’ici se trouvait la cité de Sundara, la plus grande des cités d’un âge dont nul ne gardait souvenir. Mais que celle-ci fut attaquée et en partie détruite durant une guerre entre le peuple qui grava ces symboles sur la porte et une race de guerriers impitoyables. La porte fut presque détruite et la quasi-totalité des habitants de Sundara fut tuée. Puis les dernières écritures indiquaient que les lieux étaient maudits et qu’en aucun cas il ne fallait s’attarder ici. Mais c’était déjà trop tard, Netjhim le savait bien, ils avaient découvert la porte et plus loin un squelette qui confirmait les écritures. Il y avait eu une grande bataille dans Sundara dont un des camps était composé d’êtres proche de Guem et l’autre, sûrement ces guerriers en armure. Depuis cette découverte l’équipe archéologique de l’historien royal continuait son travail de recherche. Sundara était là sous leurs pieds et la confirmation arriva lorsque les premiers vestiges furent déblayés. Netjhim n’aimait pas ce qu’il ressentait vis à vis de cet endroit. Pourtant il n’avait rien de très particulier si ce n’était son histoire, juste du sable, des émeraudes géantes et des vestiges...

A Mineptra le rapport de Netjhim était parvenu un matin jusqu’à la personne concernée, à savoir Sakina. A la lecture de celui-ci, elle comprit que l’affaire était très importante et ordonna que cette affaire soit sur le champ portée à la connaissance du roi Metchaf. La réponse ne se fit pas attendre et le soir même le commandant de la garde Royale était convoqué par le roi. L’homme en question était en poste depuis que Metchaf avait succédé à son père quelques années auparavant et sa renommée était aussi grande que celle du Vizir Mahamoud ou même que le roi en personne. Le jeune homme, paré de sa magnifique armure digne de son statut, rejoignit Metchaf dans la salle du trône. Lorsque Ahzred arriva Metchaf fit signe aux autres gardes et aux quelques personnes se trouvant là de les laisser seuls.

- Ahzred, mon ami, dit Metchaf en lui serrant le bras.

- Majesté.

- J’ai besoin de toi et de ta puissance de frappe.

- Je suis ton serviteur, que dois-je faire pour ton plaisir.

- J’ai reçu un rapport de Netjhim le prêtre de Ptol’a qui est actuellement dans une région reculée du désert. Il y a fait une découverte aussi incroyable que dangereuse selon ses dires. Je crains qu’il ne lui faille un appui de taille. Je ne suis pas certain qu’il s’y passe quelque chose, mais je préfère prendre les devants, car d’après les rapports du Conseil des guildes il y aurait une liaison avec les Equinoxiens et les portes de l’Infini. Cette mission est donc placée sous la responsabilité et le nom des Nomades du désert. Mets-toi en route dès que possible, Sakina connaît les détails de cette affaire elle t’indiquera où se trouve Netjhim.

Ahzred inclina la tête et sans une parole de plus s’en alla à la recherche de Sakina.


Presque une semaine s’était écoulée depuis la découverte de Sundara et l'équipe archéologique accomplissait un travail remarquable. Les premières ruines étaient désormais déblayées, confirmant ainsi l’existence de cette cité. Ahzred quant à lui avait retrouvé le prêtre de Ptol’a la veille et toute l’histoire lui fut racontée. Lui aussi n’aimait pas cet endroit, et il se sentit mal à l’aise dès qu’il s’approcha de la porte.

- Prêtre, tu me dis que nous sommes sur un champ de bataille et que les morts dorment sous nos pieds ?

- Oui champion, je ne sais pas combien ils sont, mais je sens qu’il y a eu d’innombrable morts dans cette région. Nous avons trouvé d’autres cadavres là-bas entre les ruines, venez voir.

Quand Netjhim parlait d’autres cadavres, Ahzred songeait à deux ou trois, pas plus, pourtant, là, entre les ruines des maisons de Sundara, c’était des dizaines de squelettes qui reposaient depuis des siècles. Et parmi eux distinctement on discernait les deux peuples: des guerriers de grande taille en armure et des personnes plus petites dont les restes de vêtements laissaient à penser qu’ils n’avaient rien de soldats ou d’hommes d’armes.

- Quelle désolation, dit Ahzred en se penchant sur un squelette au crâne fracassé. Leurs blessures laissent à penser que la bataille fut d’une violence extrême. regarde prêtre, ils ont une pierre-cœur, dit-il en montrant les squelettes de petite taille.

- Le peuple proche de Guem, comme indiqué sur la porte de l’Infini. Les pièces du puzzle s'emboîtent parfaitement.

- Mais il en manque encore. Pourquoi est-ce que ce peuple a disparu ?

- Je n’en ai aucune idée.

A ce moment là un des ouvriers de l’équipe arriva en courant, essoufflé et transpirant.

- Nous avons... trouvé... quelque chose ! Venez s’il vous plaît, c’est un peu plus loin là-bas, dit-il en montrant une direction.

Les deux Nomades du désert suivirent l’ouvrier jusqu’à une autre ruine en bien meilleur état que les autres et autour de laquelle le reste du groupe d’archéologues s’affairait. L’historien royal se tenait la tête en exultant de joie.

- C’est incroyable, avoir trouvé une cité inconnue est un fait rarissime et c’est encore plus vrai lorsque celle-ci est d’un peuple qui vécu ici bien avant nous. Regardez les écritures sur les murs, c’est exactement le même style que celles de la porte.

- Oui il m’a fallu beaucoup d’efforts pour les déchiffrer, je pense que cette écriture-là est l’ancêtre de la nôtre, dit Netjhim en examinant les murs.

- Il y a une ouverture de ce côté ! Hurla un ouvrier.

Ahzred laissa Netjhim à la contemplation et à la traduction des écritures pour voir de quoi il retournait. De l’autre côté de l’édifice une portion du mur s’était écroulé, laissant ainsi un passage suffisamment large pour laisser passer une personne. A l’intérieur il faisait sombre aussi les ouvriers allèrent chercher de quoi éclairer, Ahzred lui, sentait que quelque chose n’allait pas ici, outre cette ville champ de bataille il gardait ce ressenti, comme un maléfice ambiant, quelque chose qui dormait profondément depuis longtemps. Enfin une torche fut allumée et un ouvrier allait entrer lorsque Ahzred posa la main sur son épaule.

- Attends ! Donne-moi cette torche, je vais y aller.

- Mais vous ne préférez pas que je vérifie que tout aille bien d’abord ?

- Justement, si quelque chose ne va pas, je préfère que cela me concerne uniquement, dit Ahzred en prenant la torche.

Le champion de la garde royale entra lentement, éclairant autour de lui pour mieux comprendre où il mettait les pieds. Le trou était en réalité à mi-hauteur du mur et devait descendre jusqu’en bas. Le sable s’y était engouffré, offrant une pente glissante que le champion dévala en parvenant tout juste à se maintenir. L’édifice en lui-même n’était qu’une seule et gigantesque grande pièce. Le piège se referma sur lui au moment même où il posa le pieds sur le sol ferme. L’ambiance changea. La lumière qui émanait de l’orifice disparut d’un coup, remplacé par un sorte de voile légèrement violacé. Des formes humanoïdes se détachèrent sur le fond, et une chose était sûre, celles-ci n’étaient pas amicales car, à la lumière de la torche, Ahzred pu voir qui elles étaient : des hommes, grands, crânes rasés, la peau plissée, des cristaux transparents sortants de leurs bras, jambes et visages, tous armés de larges lames rouillées. Ahzred jeta la torche au sol et en appela à Ra dieu de la lumière pour que celui-ci lui apporte la force nécessaire pour vaincre ses ennemis. Un cercle de lumière pur apparut derrière lui et ses yeux s’enflammèrent d’énergie, Ra l’avait entendu et lui accordait ses faveurs pour cette bataille. Ahzred serra les poings avec force, ceux-ci étaient ses armes à lui car il ne portait pas l’épée ou la lance comme les autres gardes royaux. Il esquiva le premier coup d’un de ses adversaires puis hurla “PAR LA LUMIERE !” avant d’abattre son poing vengeur sur la figure de l’opposant qui s’envola comme le sable dans le vent. Puis ce fut la mêlée, le combat d’un passé affrontant le présent. Ces spectres de l’Equinoxe seraient venus à bout de n’importe quel autre combattant qui aurait eu le malheur de s’aventurer ici, ils n’auraient fait qu’une bouchée de l’ouvrier si celui-ci n’avait pas été retenu par Ahzred. Mais leur adversaire avait la foi la plus pure et il se battait dans le but de protéger le groupe qui se trouvait à l’extérieur plus que pour lui-même. Un à un les Equinoxiens tombèrent, brûlés par la colère divine de la théurgie du champion. Et lorsque, quelques temps plus tard le dernier tomba, son sang recouvrait son armure et les symboles divins. Il n’en pouvait plus, son cœur battait tellement fort qu’il pensait qu’il ne pourrait tenir longtemps et s’arrêterait. Mais il n’en fut rien... Ahzred s’agenouilla et ferma les yeux pour se concentrer.

- Dieux ma vie vous appartient, je vous remercie de m’avoir soutenu dans cette épreuve.

Les dizaines d'éraflures et de blessures se refermèrent lentement sous l’effet salvateur d’un dieu l’ayant pris en pitié. Il se releva alors, titubant, comme à chacun de ses combat il avait donné son maximum, frôlant ainsi ses limites. L’ambiance redevint normale et il ramassa la torche qui continuait à brûler par terre.

- Cet endroit est maudit... mais pourquoi ?

A cette interrogation vint une réponse, là au milieu de la salle se trouvait un cristal vert émeraude aussi grand que lui en forme d’œuf. Il s’approcha lentement et distingua une forme en son centre. La lumière de la torche soulignait les traits de la personne enfermée à l’intérieur. C’était un membre du peuple proche de Guem, ceux que l’on appelait Mangepierre. Celui-ci avait les traits masculins, ne portait qu’un pantalon large, ses cheveux étaient courts et sur son torse de larges lignes plus claires que sa peau. Ahzred posa la main sur le cristal et une voix se fit entendre.

- J’ai attendu depuis des siècles que tu viennes me retrouver. Je suis le dépositaire du savoir de mon peuple, en moi dorment les âmes de mes semblables. Je suis prêt à reprendre le combat contre l’Equinoxe. Mon nom est Adhikara.


Chapitre 4 - Autant en emporte la mort

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Une forme argentée se faufila entre deux bosquets, laissant au passage sur les feuilles piquantes une petite touffe de poils. Le renard argenté reniflait l’air frénétiquement en quête d’une odeur particulière, puis après avoir parcouru plusieurs cercles la truffe en l’air, il perçut enfin le parfum de sa maîtresse. Il leva une oreille, puis l’autre et d’un coup se mit à courir en remontant la piste odorante. Un saut au-dessus d’un petit rocher, un autre au dessus d’une branche, quelques détours entre les arbres et enfin apparut celle qu’il cherchait depuis plusieurs jours. Theya se tenait près d’un petit feu où le bois humide dégageait beaucoup plus de fumée qu’il ne brûlait. Heureusement que dans les environs nul ne vivait à part les biches, les sangliers et autres volatiles. L’Equinoxienne grelottait en tentant de se réchauffer, pestant sur ce monde qu’elle détestait plus que tout. Lorsqu’elle entendit les branches craquer elle leva la tête et vit la boule de poil foncer sur elle. L’animal véritablement content de revoir sa maîtresse gigotait dans tous les sens.

- Tu m’as retrouvé, dit Theya envahie par la joie. Tu es aussi sale que les humains de ce monde, mais je suis tellement ravie que nous soyons réunis. Lorsque je t’ai vu détaller lors de l’affrontement avec ces sauvages habillés de violet et noir j’ai cru que jamais nous ne nous reverrions. Notre mission est un échec, il nous faut rentrer et avec toi je vais pouvoir retrouver d’autres sources de magie Equinoxienne.

Le renard continua de faire la fête quelques minutes, temps durant lequel Theya remit en place ses idées, qu’elle formalisa en dessinant un schéma sur le sol.

- Oui cela peut fonctionner ! Si jamais j’arrive à accumuler suffisamment de puissance je peux prendre contact avec les forces de l’Impératrice.

Nous pourrions savoir quand une nouvelle porte de l’Infini va pouvoir être ouverte. Viens ici ! Le renard s’arrêta de courir dans tous le sens et se planta devant elle en inclinant la tête. Il se passa alors un fait étrange. N’importe qui d’extérieur à la scène n’aurait vu là qu’une personne grattouillant le museau d’un canidé, mais en réalité Théya utilisait ses pouvoirs pour améliorer les perceptions de son petit compagnon. Les yeux de ce dernier brillèrent d’une lueur pourpre.

- Je vois par tes yeux... oui... il y a des sources de magie Equinoxienne. Partons sans délais mon ami, je n’en peux plus de ce monde, mène-moi.

L’animal se mit en marche en prenant la direction du nord ce qui les mènerait à la frontière de Baranthe et beaucoup plus loin à la Draconie. Mais le duo n’alla pas très loin. Après à peine une heure de marche les choses se compliquèrent pour eux...


Quelques jours avant cela, au château de Kaes.

- Vous vouliez me voir, Conseiller ?

- Ha ! Conseiller-Doyen Vérace ! Oui, entrez donc.

L’homme à la livrée du Conseil des Guildes referma délicatement la porte derrière lui avant de se rendre jusqu’au bureau de Chantelain, au demeurant croulant sous les parchemins. Le visage du doyen exprimait une grande fatigue et une inquiétude palpable. Vérace s’installa dans un des deux fauteuils face à Chantelain et examina l’environnement : plusieurs plateaux-repas avec dessus des restes de nourriture, des vêtements privés probablement sales et un divan sur lequel se trouvait une couverture. Tout indiquait que le Conseiller n’était pas sorti de son bureau depuis quelques temps déjà.

- Vous êtes au fait de tout concernant l’affaire “Equinoxe”  ? Demanda Chantelain en se grattant la joue qui le démangeait du fait de sa barbe naissante.

- Bien sur c’est notre priorité, je suis donc l’affaire avec beaucoup d’assiduité.

- J’ai regroupé là les différents rapports des guildes, ainsi que les observations faites par nos forces internes à ce sujet. Jusqu’à présent nous avons dénombré trois Equinoxiens...

Mais Vérace coupa.

- L’Etranger, actuellement entre les mains de l’Amiral Al la Triste, un autre Equinoxien disparu dans les ruines de Caislean et enfin une Equinoxienne qui fut enlevée un temps par l’Equinoxien disparu. Nous n’avons plus entendu parler d’elle depuis.

- Jusqu’à hier c’était vrai. Mais j’ai reçu un rapport d’un de mes hommes, si vous voyez ce que je veux dire.

- Je vois parfaitement, dites-moi.

- Elle est en Baranthe, elle est dans une forêt et vit là en recluse.

- Comment l’avez-vous retrouvé ?

- Si nous avions perdu sa trace, tel ne fut pas le cas de son renard argenté.

- Renard argenté ?

- Oui, c’est un détail qui apparaissait dans plusieurs rapports qui m’a mis la puce à l’oreille. Il semblerait que l’Equinoxienne soit accompagné par ce renard, mais durant l’agression des Combattants de Zil ils ont été séparés. J’ai lancé mes hommes à sa recherche et finalement ils l’ont retrouvé, puis suivi, jusqu’à elle.

- Félicitations conseiller Chantelain. Ordonnez qu’on la capture.

- Je comptais m’en occuper en personne, Baranthe n’est pas très loin d’ici. Et si elle résiste ? Vérace réfléchit quelques secondes et dit :

- Si elle résiste... tuez-la.

- Très bien. Merci d’être venu Conseiller-Doyen, je me mets en route, je vous verrais à mon retour.


La nuit était tombée, mais Theya s’en moquait bien car les Equinoxiens n’étaient pas beaucoup affectés par l’obscurité car dans leur monde la lumière n’était pas aussi intense qu’ici en terre de Guem. Le renard progressait lentement mais sûrement, se focalisant sur la cible, une magie de l’Equinoxe visible à l’horizon. Ni lui, ni sa maîtresse ne virent les formes qui en silence se mouvaient autour d’eux. Une bonne dizaine de Traquemages s’étaient déplacés avec Chantelain le régent de l’organisation. Leurs cibles étaient là, le plan établi... Chantelain n’avait eu guère le loisir de revêtir lui-même les attributs de l’organisation aussi il s’occuperait en personne de l’Equinoxienne. Quant au renard argenté son sort était scellé. Un des maîtres Traquemage dégaina un de ses étranges pistolets, pointa le canon en direction de l’animal et appuya. Le projectile, propulsé à vive allure se ficha dans le cou de la bête qui se retrouva quelques mètres plus loin, elle ne survécut pas à cette blessure. Theya tenta de saisir son masque pour se préparer au combat. Mais l’équilibre des forces n’était pas en sa faveur. Que pouvait-elle faire face à ces hommes et ces femmes dont la vie entière était vouée à la mort. L’honneur fut laissé à Chantelain qui tenait la lame d’Ebohki, une arme redoutable. Avec une vitesse incroyable il bondit sur l’Equinoxienne, enfonça profondément la lame entre deux côtes, perçant le cœur au passage, puis retira pour sceller le destin de l’Equinoxienne. Celle-ci se tint le côté et réalisa, son cœur s’était arrêté de battre, la mort allait l’emporter, elle avait échoué, elle tomba...


Chantelain et les autres Traquemages l’entourèrent et vérifièrent que les deux cibles étaient bien mortes.

- Rapides et efficaces, comme toujours mes amis. J’annoncerai que l’Equinoxienne a déployé des pouvoirs trop importants et qu’elle représentait une menace, par conséquent nous avons dù éliminer la cible.

- Traquemage ne fait pas de prisonnier, dirent en cœur tous les Traquemages avant que, dans la nuit, ils ne disparaissent.

Chapitre 5 - L’ascension des champions - partie 2

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- Nous sommes là pour vous aider à réaliser la mission qui nous a été confiée, dit Quercus par télépathie.

- Confiée par qui ? Demanda Daijin.

- Par Tempus. Ne me demandez pas comment mais cet humain en sait long sur beaucoup de sujets. Il est venu jusqu’à moi pour m’annoncer que la Trame du Temps était figée et qu’un évènement important avait eu lieu. Il m’a parlé du Fléau des âmes, nous devons l’arrêter avant qu’il n’arrive à ses fins. J’ai accepté d’être envoyé dans ce temps où j’ai rencontré l’Archimage Artrezil avec qui j’ai discuté de la situation.

- Je dois avouer que cette histoire m’intrigue au plus haut point. Savez-vous quand nous sommes ? Demanda Artrezil à Zahal et Daijin.

- A supposer que vous soyez bien l’Archimage Artrezil, dans ce cas nous serions soit quelques années avant la guerre contre Néhant, soit au beau milieu. Et vu le ciel, je pense que nous sommes pendant la guerre, déclara Zahal.

- Vous avez raison Chevalier-Dragon. Maintenant que nous nous sommes présentés, peut-être allez-vous nous révéler qui vous êtes ? Je veux bien vous aider, mais j’aimerais savoir à qui j’ai affaire, demanda Artrezil en examinant Daijin.

- Nous manquons à tous nos devoirs, excusez mon ami de la Kotoba il est un peu bougon, dit Zahal.

- Kotoba ? Qu’est-ce ? Interrogea Artrezil.

- Rien, c’est une information que nous ne devons pas vous révéler car elle appartient au futur, dit Daijin en fusillant du regard le commandeur. Je suis le Corbeau et voici Zahal.

Zahal compris qu’il en avait trop dit et resta en retrait pour laisser parler son compagnon d’aventure.

- Les présentations étant faites, il serait peut être temps de s’occuper de ce Fléau des âmes, dit impatiemment Quercus.

- Vous avez raison, à moins que nous ne rencontrions un mage du temps nous sommes bloqués ici jusqu’à ce que le problème soit réglé.

- Mais par où commencer ? Le Fléau peut être n’importe où, dit Daijin en examinant du Artrezil du regard.

- Artrezil est de ce temps, il doit bien avoir des informations... non ? Affirma Zahal.

- Je suis impliqué dans la guerre contre Néhant, je sais parfaitement qui est ce Fléau des âmes et où on peut le trouver. Mais ça ne m’enchante pas de m’aventurer où il se trouve car son odieux maître n’est jamais loin de lui, répondit Artrezil.

- Dites-moi, où est-ce que nous en sommes dans la guerre, en quelle année sommes nous exactement ? Voulu savoir Zahal avec une idée derrière la tête.

- Nous sommes en l’an 34 du calendrier impérial, pour le reste Quercus ne doit pas savoir ce qu’il se passe pour qu’il ne pas qu’il agisse en conséquence à son retour dans le passé.

- C’est trop tard, je détiens d’ores et déjà beaucoup d’informations qui pourraient me permettre de modifier mon avenir. Mais rassurez-vous, Tempus ne m’a pas choisi au hasard, je suis né du premier fruit de l’Arbre-Monde, je suis un Daïs, ma nature m’empêche de provoquer des changements dans le destin de ce monde. Tout ce que j’apprendrai restera enfermé dans mon esprit.

- C’est dangereux... quel genre d’informations détenez-vous, Quercus ? S’inquiéta Artrezil.

- Nous parlons depuis tout à l’heure de la guerre contre Néhant, Quercus sait donc que cette guerre viendra un jour, dit Daijin en répondant pour le Daïs.

- Oui, et je connais vos noms, et fatalement j’en saurai plus sur vous durant notre collaboration mais aussi sur mon futur. Alors autant ne pas faire de cachotteries à propos de cette guerre.

- Vous avez raison Quercus, notre mission est aussi importante que cette guerre, les deux sont en étroite relation car elles sont en rapport avec un élément qui se trouve dans le futur et dans ce présent, dit Daijin. Allons Artrezil, par où commencer ?

- Très bien, faisons ainsi, l’information que j’ai concerne un des lieux de réunions de nos ennemis. Le Fléau pourrait s’y trouver.

- Mais ce n’est pas une certitude.

- Non, Daijin, aucune certitude. Nous devrions envoyer un espion sur place et s’assurer qu’il s’y trouve. Je sens que vous manipulez la magie de l’ombre, peut-être que nous pourrions allier nos talents. J’ai un agent très doué pour l’infiltration.

- Mes corbeaux d’ombre sont mes yeux et mes oreilles, ils seront parfaits pour observer l’ennemi. Dites-moi simplement où je dois les envoyer.

- Au nord-est de Tantad, dans les montagnes, il y a une grande bâtisse.

- Un manoir ? Coupa Zahal.

- Oui on peut appeler ça ainsi.

- Dans ce cas je sais où il se trouve, lança Daijin. J’envoie mes corbeaux immédiatement.


Les Corbeaux volèrent jusqu’au manoir de Zejabel, car c’était bien de celui-ci dont parlait Artrezil. Les volatiles, disposés un peu partout autour du manoir donnaient à Daijin la capacité de voir tout ce qu’il s’y passait, du moins en extérieur. Les jardins étaient luxuriants et des Néhantistes et esclaves humains arpentaient les allées, parmi eux Zejabel, alors bien vivant, qui discutait avec un homme en armure. Les démons quant à eux surveillaient l’ensemble avec beaucoup d’attention et de discipline.

- J’ai Zejabel en visuel, dit Daijin.

- Puis-je m’immiscer dans vos corbeaux ? Cela me permettra de voir où mon agent pourra s’infiltrer.

- Oui allez-y.

Artrezil toucha Daijin et par le biais de la magie des ombres il put voir par les yeux des corbeaux.

- Ils sont très nombreux, beaucoup plus que je ne le pensais... je reconnais Zejabel... et le guerrier en face de lui c’est le Fléau des âmes.

- Oui mais lequel ? Questionna Zahal.

- Je ne sais pas comment différencier l’actuel de celui qui vient de votre époque.

- Il se passe quelque chose ! Dit Daijin, un homme vient d’arriver, ça à l’air d’être la panique.

Les corbeaux regardèrent tous dans la même direction. Il y avait effectivement un homme de grande taille et l’identité de celui-ci ne laissait planer aucun doute. Il portait la même arme que le Fléau, la même stature, seule sa tenue était légèrement différents. Ce Fléau avança en montrant patte blanche, mais rapidement il fit comprendre qui il était. Le Fléau de ce présent ria de bon cœur en apprenant tout ça. Puis Zejabel fit signe aux autres de continuer leurs tâches et invita les deux Fléau des âmes à entrer dans le manoir.

- Les corbeaux sont trop loin, nous n’entendrons pas la discussion, pesta Daijin.

- C’est là que j’interviens, dit Artrezil en sortant un rouleau de parchemin. J’ai repéré une grande zone d’ombre collée au Manoir, c’est une bonne ouverture.

L’Archimage effectua quelques gestes et la magie de l’ombre fut à l’œuvre. Une masse noire de grande taille et visqueuse sortit du parchemin. Cette chose commença à grandir puis à prendre la forme d’un humanoïde qui partageait quelques ressemblances avec l’Archimage.

- C’est... commença à dire Zahal avant de se raviser en voyant la moue de Daijin.

La créature n’avait rien de vivant, cela ressemblait plus à une ombre de forme humaine. Mais lorsque Artrezil se concentra pour prendre possession de la créature, celle-ci commença à bouger... et à parler.

- C’est la même technique que la votre, Daijin, sauf que je me transfère dans ce corps d’ombre.

- Logique, dit Daijin ravi d’en apprendre plus sur la magie de l’ombre.

- Je vous demanderais de bien vouloir prendre soin de mon corps le temps que j’espionne nos ennemis.

- Ne vous en faites pas, dit Quercus en se postant à côté du corps de l’Archimage.

Puis avec agilité et rapidité Artrezil plongea dans une zone d’ombre et disparut.

- C’est Zil ? Demanda Zahal très intrigué.

- Je ne suis pas un expert quant à l’histoire des Combattants de Zil, mais je pense que nous avons là les origines de Zil, oui.


Artrezil réapparut dans la zone d’ombre accolée au manoir, personne ne pouvait le voir. La satisfaction d’avoir réussi du premier coup le transfert, puis le voyage le comblait au plus haut point. Il sentait néanmoins que ce corps avait certaines limites, comme le fait de ne pouvoir utiliser la magie de l’ombre que de façon beaucoup limitée et de n’avoir aucune autres facultés magiques.

Il se faufila dans les ombres et commença sa visite des lieux. Si l’extérieur était bondé, seules quelques rares personnes, toutes d’apparence humaine, occupaient l'intérieur. Il parvint enfin jusqu’à la pièce où Zejabel s’entretenait avec les deux Fléaux.

- Cette histoire est tout bonnement incroyable... Qu’est-il advenu de ce démon du temps ?

- Je n’en sais rien, je pense qu’il est ailleurs, dans un autre temps que le notre.

- A la limite on s’en moque, dit le Fléau de ce présent. A nous deux nous allons mettre un terme à cette guerre et allons mettre les peuples des Terres de Guem à genoux.

- Attendez avant de lancer votre plan, le maître doit être averti.

- Il l’est déjà.

A ce moment là entre Zejabel et les Fléaux, se dessina au niveau du sol un symbole, celui de Néhant. Quelques secondes plus tard apparut une personne filiforme de grande taille profondément enfouie dans le larges vêtements. Immédiatement Zejabel et les Fléaux mirent un genou à terre. L’atmosphère avait changé, elle était chargée de magie néfaste. Artrezil comprit que c’était Néhant en personne, et il ne fallait pas qu’il reste là. Il profita de l’ombre pour repartir d’où il venait.


Artrezil se retrouva à nouveau avec Quercus, Zahal et Daijin. Incapable de maintenir le transfert plus longtemps il se libéra de sa créature d’ombre pour revenir dans son corps. Une douleur le prit sans prévenir au niveau du torse, du sang coulait de sa bouche. Quercus l'empêcha de justesse de tomber.

- Nous... nous allons échouer, Néhant est au manoir, je pense qu’il a du sentir ma magie, dit l’Archimage avec désespoir.

- Impossible... Notre réussite est assurée ! Ragea Daijin.

- Nous ratons peut être quelque chose, dit Zahal. Si c’est nous que les mages du temps ont choisis pour cette mission c’est qu’il y a bien une raison.


A suivre dans L’ascension des champions partie 3

Chapitre 6 - L’Impératrice

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Il faisait froid. C’était toujours ainsi. Car elle aimait cela, le froid maintenait l’esprit vif en malmenant le corps. C’était la première fois qu’Olhiam était reçu par l’Impératrice. Enfin par reçu il fallait comprendre que l’Impératrice tolérait sa présence dans la même pièce qu’elle. Les lieux avaient quelque chose de surréalistes, la salle du trône était un chef-d’œuvre architectural, un espace gigantesque, imposant et écrasant. L’Impératrice paraissait minuscule sur son immense trône perché deux étages plus haut. Chacun de ses étages reposant sur de massives statues d’Equinoxiens. Devant lui, au pied de l’escalier droit ouvrant l’accès aux étages, Théya droite comme un piquet, suivait le protocole. Une Légat impériale, c’est à dire une messagère officielle, avait la difficile tâche de faire les aller-retours entre l’Impératrice et Théya. En effet, rares étaient les privilégiés à pouvoir s’approcher de l’Impératrice, seules les Légats et les Maîtresses-consuls étaient autorisées à converser avec celle qui dirigeait depuis des lustres l’Equinoxe et qui faillit même, autrefois, avoir la mainmise sur les Terres de Guem. C’était d’ailleurs pour commencer son plan vengeur que Théya était là. L’Equinoxienne était légat avant de devenir une Contremaîtresse et elle comprenait la douleur de celle qui effectuait la liaison depuis presque une demi-heure.

- Son altesse est ravie que vous acceptiez sa demande, elle désire que vous vous fassiez le nécessaire très vite. Ce mâle, dit-elle en désignant Olhiam, sera vôtre pendant toute la durée de l’opération. Il a été sélectionné par son altesse en personne.

- Son altesse m’honore, je me mets en route immédiatement, les portes de l’Infini seront bientôt grandes ouvertes pour que son altesse reprenne le pouvoir sur ces peuples de faibles, dit Théya.

- N’oubliez pas d’emmener avec vous un gardien de lune, voyez avec les éleveurs pour qu’ils vous en attribuent un.

- Remerciez son altesse, je ferais de mon mieux pour la satisfaire, dit Théya en s’inclinant.

Puis, sans attendre elle laissa l’Impératrice et la Légat avant d’adresser un sommaire “viens” à Olhiam qui intérieurement n’en pouvait plus d’attendre. Une grande aventure les attendait... une aventure qui tournerait malheureusement au désastre.


Des années plus tard. L’Equinoxe était ébranlé par de multiples attaques faites par la résistance et leurs alliés à l’encontre de plusieurs cités et complexes de recherche. Voilà déjà trop longtemps que l’Impératrice n’avait pas reçu de nouvelles de Théya et toutes les entreprises de contact ou d’ouverture de porte s’étaient soldées par des échecs. Pire que cela, à présent l’Impératrice devait faire face à une invasion sur son propre territoire.

L’éleveuse Reagtya donnait à manger à sa dizaine de gardiens de lune, renards au pelage argenté, lorsqu’un de ses servants arriva en regardant ses pieds.

- Dame Reagtya, un dispositif de retour vient de se déclencher.

- Et bien ? Tu es allé voir ?

- Oui Dame, il s’agit du gardien que nous avions confié à Dame Théya.

- Bonne nouvelle donc.

- Non, il est mort.

- MORT ? Dit l’éleveuse en laissant tomber la nourriture des gardiens de lune sur le sol.

- Comme je vous le dis.

Reagtya bouscula de rage son serviteur et s’engouffra dans les couloirs. Quelques portes plus loin elle déboula dans une petite pièce qui en réalité était l’une des très nombreuses niches à disposition. Là par terre se trouvait le corps inanimé, dépourvu de vie, d’un gardien de lune. L’éleveuse examina l’animal, elle caressa le pelage désormais taché d’un sang rouge-brun en se laissant porter par ses émotions. Sa main s’arrêta au niveau de la tête, il lui fallait comprendre ce qu’avait vécu le gardien et fort heureusement la magie de l’Equinoxe lui permettait d’agir sur cet animal, même mort. Le contact entre la peau et le pelage avait assurément quelque chose de magique, l’éleveuse analysa les derniers instants de l’animal. Elle le vit marcher à côté de Théya au milieu des herbes, puis le choc au moment où une lame transperça son cou. L’animal tomba par terre, mais il était encore en vie. Dans son champs de vision Théya était en garde face à un ennemi invisible, mais quelques secondes plus tard un homme l’assaillait. L’Equinoxienne tomba par terre, morte. Le gardien de lune mourut à son tour avant de disparaître et revenir vers Reagtya.

- L’Impératrice doit être prévenue ! Dit l’éleveuse en quittant la niche.

Elle ferma la grille et ordonna à ce que personne n’y entre.


Un peu plus tard la nouvelle était parvenue aux oreilles de l’Impératrice. Celle-ci avait alors convoqué les Maîtresses-consuls ainsi que quelques Contremaîtresses influentes ainsi que l’éleveuse de Gardien de lune Reagtya.

- Expliquez-vous éleveuse, ordonna l’Impératrice sur un ton sec.

Les Equinoxiennes en arc de cercle devant le trône, au dernier étage, indiquaient la gravité et le caractère exceptionnel de cette réunion.

- Oui votre Altesse. Consœurs, je suis au regret de vous annoncer le décès de Théya et par conséquent l’échec de sa mission.

- Comment le savez-vous ? Demanda une Equinoxienne aux cheveux tressés et réunis en un gros chignon.

- Maîtresse-consul Jel-Darim, lorsque nous élevons un Gardien de lune, nous tissons avec lui un lien qui va bien au delà de la mort. Nous utilisons la magie de l’Equinoxe pour nous permettre à tout moment de le faire revenir jusqu’à nous. Le Gardien de lune confié à Théya est revenu, mort. J’ai pu me plonger dans ses derniers instants et j’y ai vu l’attaque sur Théya et sa chute. Si je n’ai pas la certitude de son décès, elle est au mieux tombée entre les mains ennemies. Voilà ce que je sais.

Le visage de l’Impératrice, d’habitude figé dans l’inexpression la plus totale, arborait une couleur carmin provoquée par une rage qu’elle retenait pour le moment. La nouvelle mettait à mal le plan d’invasion de l’Impératrice.

- Si je fais le point sur la situation, dit la contremaîtresse Delya, Théya avait pour mission d’analyser la situation en Terres de Guem et de nous donner des informations tactiques. Sauf que ces informations ne sont jamais arrivées jusqu’à nous. Et la situation dans l’Equinoxe est plus que délicate. L’intervention de Théya a révélé notre existence à nos ennemis et ceux-ci ont trouvé le moyen d’infiltrer notre territoire, puis se sont alliés avec la résistance.

Le visage de l’Impératrice se déforma sous l’effet de la rage.

- Vous allez immédiatement ordonner la mobilisation totale de nos forces !!! Je ne veux plus de résistance, je ne veux plus de ces cancrelats des terres de Guem. Qu’on les trouve et qu’on les détruise ! Une fois fait je veux que les Métamages nous ouvrent les portes de l’Infini !

La voix de l’Impératrice résonnait, nulle n’aurait eu le cran de la contrarier, la décision était prise, le destin de l’Equinoxe était en marche...

Chapitre 7 - Bataille de l’Equinoxe

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La fumée s’échappait de nombreux édifices et montait en colonnes ondulantes vers le ciel déjà naturellement empourpré. L’Impératrice n’avait certainement pas vu le vent tourner en sa défaveur, sûre d’elle et de ses forces, elle sous-estimait la résistance et ses alliés. Alors que son armée se regroupait, la Résistance, renforcée de nombreux Equinoxiens désireux d’en finir avec le régime en place avait ordonné à ses troupes de prendre d’assaut la capitale. Mais il y avait plus, car quelques jours seulement avant le moment choisi pour lancer cette attaque d’envergure, un évènement vint apporter des renforts ô combien salvateurs. Ces nouveaux alliés devaient entre environ trois cent et venaient des terres de Guem après avoir franchi la porte de l’Infini connue sous le nom de porte des Dieux. Ces hommes et ces femmes avaient parcouru les territoires reculés de l’Equinoxe, affrontant mille dangers et rencontrant l’hostilité des habitants des lieux. Puis ce fut la rencontre avec des membres de la Résistance, loin, très loin de l'Impératrice et de son plan de conquête. Lentement, la confiance s’établit entre les deux forces et chemin faisant la Légion accepta d’aider les Equinoxiens rebelles. Ce n’était que dernièrement que la Légion runique s’était jointe aux troupes de Krinistas, des Chevaliers Dragon et des Elfines de la Cœur de sève. Un plan fut décidé - celui de prendre de court les forces de l’Impératrice en attaquant à la source, de prendre la capitale et de mettre fin à des siècles d’inégalités entre les sexes, de mettre fin au matriarcat. Grâce à certaines Equinoxiennes ralliées à la cause de la résistance et infiltrées, l’alerte ne fut donnée que tardivement.

Les troupes de la Résistance et de leurs alliés bloquaient déjà les monumentales portes du mur d’enceinte. La Légion runique s’était séparée en trois régiments. Au centre le Centorium Aurius menait les troupes du Seigneur Runique Eilos, tandis que le flanc droit, sensé soutenir la contre charge Equinoxienne était dirigée par le Seigneur Runique Xenophon. En retrait le Seigneur Runique Harès avait pour tâche de protéger les prêtres qui en appelleraient aux dieux lors de la bataille. Du côté de la résistance, le général Krinistas guidait les siens vers les deux autres entrées qui, à tout moment, pouvaient déverser leur flots de combattants impériaux, qui ne tardèrent pas justement à montrer le bout de leurs armures.

La bataille s’engagea et c’est le destin d’un peuple autrefois banni des Terres de Guem qui se jouait. Les runes des armes et des armures des légionnaires brillaient comme jamais, leur technique de guerre sans égal venait à bout de la défense Equinoxienne. La grande porte fut donc rapidement prise puis avec rage plusieurs minotaures détruisirent les doubles battants pour que personne ne referme cette porte. Les résistants qui désiraient avant tout préserver la population, sécurisaient les ruelles et avertissaient au cas où des troupes Equinoxiennes s’approchaient. C’était une véritable bataille urbaine et le sang vint rapidement couler sur les pavés taillés à la perfection. Le feu se répandait vite et les habitants se retrouvaient pris en étau d’un côté les flammes et les troupes de l’Impératrice, de l’autre la Résistance et la Légion. Les morts étaient inévitables mais là n’était pas le but de cette attaque. Non le but était d’atteindre et de tuer l’Impératrice, mais pour cela il fallait arriver jusqu'au palais, et le plus rapidement possible. C’était là la mission des Elfines et des Chevaliers Dragon dont la combinaisons de talents s’avéra redoutable. Menés par un éclaireur de la Résistance, le groupe se faufilait dans les ruelles parfois enfumées. Lentement mais sûrement il se rapprochait du palais et jusque-là c’était facile.

Dans l’immense palais c’était la cohue, les Equinoxiennes courraient dans tous les sens en vociférant et relayant les ordres venus d’en haut. Les Légats, Maîtresses-Consul et les Contremaîtresses tentaient de récolter le maximum d’informations sur la situation, et celle-ci était sans précédent, même lorsque jadis les Mangepierres affrontèrent les Equinoxiens devant la cité. Ce jour-là les puissances de l’Equinoxe l’avaient emporté. Mais pour l’instant ce n’était pas le cas. Dans la salle du trône l’Impératrice échangeait ses idées avec la Maîtresse-Consul Jel-Darim cette dernière étant en charge de l’armée.

- La porte centrale n’est plus qu’un immense trou dans le mur d’enceinte, nous ne pouvons plus fermer les portes de la ville, il est trop tard, dit Jel-Darim. Devant le visage sévère de l’Impératrice, elle déglutit et reprit.

- Nos troupes sont placées en arc de cercle du mur d’enceinte à l’ouest, devant le palais, jusqu’au mur d’enceinte à l’est. Dit-elle en montrant un plan de la ville.

- Les gardiens de lune sont-ils déployés ? Demanda l’Impératrice qui lisait des rapports de ses contremaîtresses.

- Oui votre Altesse.

- Bien... lâchez-les... dit l’Impératrice avec gravité.

- Mais ils ne sont encore qu’au stade expérimental, ils risquent de détruire cette cité.

- Je me moque bien de cette cité ! LACHEZ-LES ! Qu’ils piétinent nos ennemis, que leurs griffes entaillent leurs chairs, que leurs mâchoires brisent leurs os !

- Bien sur votre Altesse, je relais votre ordre aux Métamages sur le champ, dit Jel-Darim en prenant congé.

A présent seule, l’Impératrice contourna lentement son trône derrière lequel se trouvait un couloir caché derrière un épais rideau. Au bout de quelques mètres elle se retrouva devant un large escalier en colimaçon qu’elle descendit aussi lentement. L’escalier s’enfonçait profondément dans les entrailles du palais et au bout une salle, au moins aussi imposante que celle du trône. L’atmosphère était chargée en magie de l’Equinoxe. Il n’y avait aucun meuble ici, et à par l’Impératrice il y avait une masse imposante, une créature énorme au long cou, aux ailes gigantesques, à la peau écailleuse, bleue et presque entièrement recouverte d’écriture Equinoxienne. L’Impératrice se plaça à côté de la tête de la bête dont l’œil devait faire sa taille. Elle caressa l’arcade sourcilière en marmonnant.

- Que veux-tu encore sorcière ? Dit une voix qui résonnait sur les parois de la salle.

- Dragon... mon cher Dragon... je viens simplement te remercier, aujourd’hui est un grand jour, j’écrase une bonne fois pour toute ces cancrelats de résistants et ce grâce à toi. Nos bébés sont prêts à passer à l’attaque, une fois qu’ils auront détruits cette alliance de résistants et d’envahisseurs venus de chez toi j’aurai toute latitude pour ouvrir, encore grâce à toi, les Portes de l’Infini. Je te laisse deviner la suite.

- Tu es odieuse, je t’arrêterai.

Détruis-là, qu’attends-tu ? souffla une voix dans la tête de Dragon.

- Tu n’es même pas capable de lever une griffe mon cher, alors comment veux-tu arrêter qui que ce soit. Je te dis à bientôt Dragon, l’avenir nous appartient !

Dehors, la bataille qui était en faveur de la Résistance et de la Légion allait prendre un autre cours... beaucoup plus funeste pour ceux qui osaient affronter l’Impératrice.


A suivre dans : Moi, Dragon.

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